Gustave Roussy s’offre une imprimante 3D pour fabriquer des médicaments contre le cancer : "Ça fait moins de comprimés à prendre"
Un essai clinique avec 200 femmes souffrant de cancers du sein va débuter au printemps. Elles seront traitées avec des gélules fabriquées par imprimante 3D. L’idée pour les médecins et les pharmaciens est de réfléchir à comment cette machine pourra améliorer le confort des patients.
À Villejuif, près de Paris, l'Institut anticancer Gustave Roussy vient d’investir dans une imprimante très spéciale. Sa spécificité est de fabriquer des gélules, comprimés, mais aussi des médicaments sous de nombreuses autres formes.
Comme cette sorte de petit caillou jaune que Lucas Denis tient dans sa main et qui fait aujourd’hui la fierté de tous ses collègues de la pharmacie de l’Institut Gustave Roussy. "C’est une petite gomme à mâcher qui fait, à l’œil, 3 millimètres de diamètre, présente l’interne en pharmacie. Elle contient des corticoïdes, tout ce qui est prednisone pour les maladies inflammatoires ou pour les rattrapages de traitements anti-cancéreux. Ça nous permet de donner ça aux enfants en pédiatrie."
"Les enfants ont juste à mâchouiller la gomme pour la ramollir et ensuite avaler et prendre la dose de médicament que contient la gomme."
Lucas Denis, interne en pharmacie à Gustave Roussyà franceinfo
Cette gomme-médicament remplace les cachets, les comprimés, et les gélules que les enfants malades ou même les personnes âgées ont des difficultés à avaler. Elle est fabriquée en quelques instants par un robot, une imprimante 3D que vient d’acquérir le centre anti cancer. Son coût, entre 50 000 et 100 000 euros, selon la direction. "Si vous regardez, vous avez les dépôts roses et ensuite le dépôt blanc qui vient se coller", décrit Lucas Denis. Et ce n’est pas tout, la machine peut aussi fabriquer des comprimés ou des gélules. "C’est une forme de pâte, un gel au sein duquel est dispersé un médicament, poursuit l’interne. Et ensuite l’imprimante pousse avec une certaine force, comme du dentifrice, pour déposer la couche de médicament dans la gélule. Une fois qu’on a terminé de déposer les deux couches de principes actifs, on referme les gélules". Ces deux médicaments, c’est une hormonothérapie associée à un traitement qui évite ses effets secondaires, les bouffées de chaleur notamment. "Et on pourrait en mettre trois, quatre, selon l’espace qu’on a dans la gélule et le besoin clinique exprimé par le patient. Ça fait moins de comprimés, moins de gélules à prendre", conclut Lucas Denis.
Une gélule au lieu de deux, un gain précieux pour le patient
Pour un patient, avoir une gélule au lieu de deux, ça change beaucoup de choses, assure la cancérologue Inès Vaz-Luis, car cette hormonothérapie donnée aux femmes soignées pour un cancer du sein, c’est un traitement que l’on prend tous les jours pendant des années et des années. "Les recommandations vont de cinq à dix ans. Beaucoup de patientes sont réticentes à introduire encore une pilule dans leur vie. Quelques patientes n’arrivent pas à le faire pendant toute la durée." C’est alors un risque de rechute.
Cet essai clinique, qui permettra dans les prochains mois à 200 femmes de tester une gélule au lieu de deux grâce à cette nouvelle imprimante 3D, a pour but de mesurer, d’observer si les patientes prennent plus volontiers leur traitement au long cours et, contrairement à aujourd’hui, ne l’abandonnent plus autant en court de route.
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