Octobre rose : en cas de mastectomie après un cancer du sein, des mamelons en silicone pour redevenir "comme toutes les femmes"
De la forme du téton à la teinte de l'aréole jusqu'aux rainures de la peau, les mamelons en silicone font illusion. Depuis deux ans, dans son atelier de Chambéry, la fondatrice de "The Nipples Lab" fabrique à la main des prothèses de mamelons et d'aréoles sur mesure pour les femmes qui ont subi un cancer du sein. Des prothèses externes, hyperréalistes et amovibles.
Si cette option est bien connue aux Etats-Unis, elle l'est beaucoup moins en France. Une société suisse en propose également. En France, Diane Lavinia est l'une des rares auto-entrepreneuses à en fabriquer.
"Je me suis mise à leur place et je me suis demandée ce que je souhaiterais si un jour ça m'arrivait."
Diane Laviniaà franceinfo
Tout commence après une expérience personnelle. En 2021, cette juriste de formation a l'idée de lancer "The Nipples Lab". "Deux femmes de mon entourage ont eu un cancer du sein et toutes les deux avaient perdu un mamelon. En discutant avec elles, ce qui revenait souvent c'était le manque de relief. C'est comme ça que j'ai commencé à chercher ce qui existait." Diane Lavinia va alors se former. "J'ai fait des formations de prothésiste mais pas de prothésiste de mamelon, parce que cela n'existait pas."
Des prothèses sur mesure ou des modèles dans une banque d'empreintes
Après les traitements lourds et les opérations, certaines femmes ne souhaitent pas de nouvelle chirurgie. Pour d'autres, la reconstruction du leur mamelon et de l'aréole n'est pas possible. Diane Lavinia propose deux options. "Pour le sur mesure, soit on fait l'empreinte du mamelon avant la mastectomie, soit on prend l'empreinte du mamelon qui reste, et je le reproduis à l'identique."
Les femmes qui ont subi une double mastectomie peuvent envoyer des photographies de leurs tétons avant. Elles peuvent aussi trouver des mamelons similaires dans la banque d'empreintes que Diane Lavinia a constitué au fil du temps. Des femmes volontaires ont aidé à la constitution de paires de mamelons.
"Ça fait du bien de revoir un téton et une aréole ! Et de se dire qu'on est à peu près comme tout le monde, comme toutes les femmes."
Béatriceà franceinfo
Ses clientes la contactent généralement en ligne, souvent avec le bouche à oreille. Pour Béatrice, lyonnaise, le "sur mesure" était la bonne option. "La reconstruction n'etait pas possible dans mon cas. J'ai choisi cette solution, parce que ce n'est pas permanent, et j'avais peur d'être déçue si on me tatouait en 3D. Je me suis dit que c'était le bon compromis"
Pour Anne-Cécile Philippe, chirurgienne en reconstruction mammaire au CHU de Grenoble, cette technique mérite d’être développée. "Cette technique a un bel avenir. Quand on voit les patientes, c'est assez bluffant. Nous, on travaille avec des revendeurs autour de nos établissements hospitaliers. Je fais une prescritpion et c'est aux patientes d'aller se fournir chez les revendeurs."
Le dispositif n'est pas pris en charge pour le moment
Les prothèses de Diane Laviana ont la cerfication "dispositif médical". En revanche, quelles que soient les prothèses, elles ne sont pour le moment pas remboursées par la Sécurité sociale. "C'est dommage parce que la reconstruction est remboursée. C'est une technique de recontruction qui existe, et qui, à mon sens, devrait faire l'objet d'un remboursement.", estime la chirurgienne.
Côté prix, chez "The Nipples Lab", une paire de prothèses de la banque d’empreintes coûte 200 euros, 350 euros pour une prothèse sur-mesure, avec six prothèses envoyées.
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