Tatouages : que contiennent exactement les encres ?
Si les adeptes du tatouage connaissent bien les risques liés à l’utilisation d’une aiguille souillée, ils n’ont aucune information fiable sur la composition des encres. Partant de ce constat, la Commission européenne a demandé à l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) de se pencher sur la question. Ses conclusions seront connues dans plusieurs mois. Néanmoins, en l’absence d’étude, l’Echa met en garde : "Les encres de tatouage et le maquillage permanent peuvent contenir des substances dangereuses qui provoquent ou sont soupçonnées de provoquer cancer, mutations génétiques, effets toxiques sur la reproduction, allergies ou autres effets préjudiciables chez les êtres humains et les animaux".
"On en sait peu sur l’action des composants de l’encre sur les organes"
En 2016 déjà, des chercheurs, qui publiaient une étude dans The Lancet, alertaient sur ce curieux manque d’informations. Ils évoquaient notamment une "potentielle photoxicité" et "la possible conversion métabolique des composants de l’encre en substances toxiques". Un constat que partage le Dr Christa De Cuyper, dermatologue et spécialiste du sujet. Lors de la 25e édition du congrès de l’Académie européenne de dermatologie et de vénérologie en 2015, elle s’interrogeait déjà sur l’action des encres sur le long terme : "Les colorants se décomposent dans la peau et sont absorbés par le corps. Pourtant, on en sait peu sur la biocinétique, sur l’action de ces composants sur les organes".
Karine Grenouille, membre du Syndicat National des Artistes Tatoueurs (SNAT), qui suit les travaux de l’Echa de près, reconnaît que la toxicologie des encres est peu documentée, et que la législation européenne en vigueur à ce jour, la ResAP(2008)1, "devrait être actualisée et renforcée". Mais malgré ces lacunes, cette réglementation, suivie par la France depuis dix ans, "implique des règles auxquelles sont soumis les distributeurs et bien évidemment les tatoueurs", explique Karine Grenouille.
12% des Européens tatoués
Aujourd’hui, on estime que 12% des Européens sont tatoués. Les chiffres montent même jusqu’à 20% pour les Français âgés de 25 à 34 ans, selon l’Ifop. Si vous vous posez des question sur la dangerosité des encres, discutez-en avec votre futur tatoueur. Et évitez à tout prix les salons non certifiés ! "Il est essentiel d'insister sur l'importance de s'adresser exclusivement à des professionnels identifiés et déclarés à l'ARS (Agence régionale de santé ndlr), et de fuir absolument les tatoueurs clandestins, qui s'approvisionnent en produits à bas prix sur Internet, ne répondant à aucune des règles en vigueur, et ne bénéficiant d'aucune traçabilité", prévient Karine Grenouille.
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