Vaccination contre les papillomavirus : "Le terme échec est bien sévère, 10%, c'est déjà bien", estime une pédiatre

La cheffe de service de pédiatrie au CHU de Nantes pointe que la campagne a été lancée en septembre, interrompue par deux périodes de congés scolaires.
Article rédigé par franceinfo
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Christèle Gras Le Guen, porte-parole de la Société française de pédiatrie, et cheffe de service de pédiatrie au CHU de Nantes. (ANNE BERTRAND / RADIO FRANCE)

"Le terme échec est bien sévère, 10%, c'est déjà bien", a estimé jeudi 11 janvier sur franceinfo Christèle Gras Le Guen, porte-parole de la Société française de pédiatrie, et cheffe de service de pédiatrie au CHU de Nantes. La campagne lancée en septembre contre les papillomavirus est pour le moment, loin des objectifs affichés par le gouvernement. Moins de 10% des élèves ont reçu une première dose de vaccin, alors que l'objectif du gouvernement était d’atteindre 30% d’élèves de 5e vaccinés. Les papillomavirus provoquent plus de 6 000 cancers chez les adultes en France. Selon la pédiatre, pour atteindre cet objectif, "il faut des moyens matériels, des moyens humains et un petit peu de temps", dit-elle. La vaccination s'est décidée l'été dernier pour un lancement dès la rentrée : "Il est évident qu'on n'a pas eu le temps de s'y préparer", affirme Christèle Gras Le Guen. Ce vaccin est "extrêmement safe", a-t-elle rassuré. "On n'a pas d'inquiétude, ni de danger", dit-elle.

franceinfo : Considérez-vous que c'est un échec ?

Christèle Gras Le Guen : Le terme échec est bien sévère pour une campagne de vaccination qui a débuté il y a trois mois puisqu'il y a eu deux fois quinze jours de vacances dans des établissements qui se sont mis en ordre de vacciner de manière un peu précipitée à la rentrée. Donc 10%, c'est déjà bien. Par classe d'âge, c'est environ 800 000 enfants qui sont scolarisés et donc 10% ça fait 80 000 injections. C'est déjà pas mal pour les trois mois qui viennent de s'écouler.

Comment expliquez-vous les réticences ?

Il y a des réticences. Ce n'est pas un scoop, c'est quelque chose qui est déjà connu. Pour autant, une campagne de vaccination a été aussi l'occasion d'informer et d'accélérer, ces 10%, c'est quelque chose qu'on n'aurait pas vu sans cette campagne, et puis de légitimer aussi, de manière à ce que tout le monde puisse accepter sereinement. La plupart des parents ont accepté sans difficulté cette vaccination. Maintenant, il faut la mettre en œuvre et pour ça, il faut des moyens matériels, des moyens humains et un petit peu de temps.

Est-ce une bonne idée de réaliser cette vaccination dans les collèges et les lycées ?

Cette campagne s'est décidée durant l'été et a été lancée en septembre, il est évident qu'on n'a pas eu le temps de s'y préparer. On n'a pas eu le temps de trouver les locaux, de trouver les organisations dès le mois de septembre. Pour autant, l'exemple de nombreux pays, comme les Australiens, montre que c'est le moyen le plus efficace si on veut en effet, à terme, couvrir le plus largement la population qui est concernée par cette vaccination, à savoir les collégiens et les lycéens.

Combien de temps a mis l'Australie à éradiquer ce virus ?

Ça fait une quinzaine d'années que les Australiens vaccinent. Ce virus, une fois qu'il s'implante chez un patient, c'est petit à petit qu'il crée les lésions. C'est le temps qu'il nous a fallu pour que les Australiens nous envoient un signal extrêmement prometteur : ‘Chez nous, il n'y a pratiquement plus de lésions cancéreuses en lien avec ce virus’. Il y a un effet dans le temps. Il faut qu'on puisse continuer avec les moyens matériels et humains nécessaires pour poursuivre ce qui a été initié depuis la rentrée.

Près de Nantes, fin octobre, un adolescent a fait un malaise alors qu'il venait de se faire vacciner. Il est mort après une chute dans les escaliers de son établissement. Cette affaire médiatisée a créé un peu de panique chez les parents ?

Les effets secondaires des vaccins, c'est une grande inquiétude de la population française. On est vaccino-sceptiques, on est les champions du genre. En effet, il y a une grande vigilance des parents. Pour autant, l'épisode dont vous parlez est en cours d'investigation. Il y a une enquête qui permettra d'établir précisément les causes de ce drame. Mais il s'agit bien d'un accident.

"Les quinze ans de retour qu'on a sur cette vaccination en Australie montrent qu'elle est extrêmement ‘safe’. On n'a pas d'inquiétude ni de danger."

Christèle Gras Le Guen, cheffe de service de pédiatrie au CHU de Nantes

à franceinfo

Pour autant, vacciner des adolescents, ça ne s'improvise pas. Il faut s'installer dans des conditions confortables. C'est ce qui a été fait pendant le Covid. On a vacciné beaucoup d'adolescents pendant le Covid, mais il y avait des centres de vaccination qui s'étaient équipés. Il faut que les écoles puissent être équipées en matériel et en moyens humains pour se donner les moyens de vacciner des adolescents parce qu'effectivement, ce n'est pas une population comme les autres. Ils sont sujets à faire des réactions vagales en particulier qu'il faut pouvoir prévenir.

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