: Vidéos Des bébés prématurés aux épileptiques... Quand la musique adoucit les maux
Depuis de nombreuses années, la musique est considérée comme une précieuse alliée pour le monde médical. Plusieurs études mettent d'ailleurs en lumière ses effets sur le bien-être d'un certain nombre de patients, quelles que soient leurs pathologies. Une forme de médecine douce sans effets secondaires qui calme la douleur, favorise le sommeil, améliore les performances physiques ou stimule la mémoire. Des vertus thérapeutiques auxquelles s'intéresse l'émission "Enquête de santé" sur France 5, qui diffuse mardi 17 décembre un documentaire intitulé Quand la musique est bonne... pour notre santé !.
Stimuler les grands prématurés
Dans l'enceinte du service de réanimation néo-natal du CHU de Dijon (Côte-d'Or), personne ne s'étonne d'entendre la voix de la chanteuse lyrique Delphine Ribemont-Lambert s'échapper des chambres des grands prématurés. Ce centre hospitalier fait appel à la cantatrice une fois par mois afin d'apaiser ces bébés dont les organes ne sont pas tous prêts à affronter la vie extra-utérine. Une façon de pallier leurs faiblesses et d'en réduire les conséquences. Au-delà de la sérénité apportée à ces nouveau-nés par les notes fredonnées par Delphine Ribemont-Lambert, un autre phénomène notable se produit.
"Au bout de quelques notes de musique, on observe un réflexe de succion."
Emmanuelle Ledeuil, musicothérapeute au CHU de Dijondans le magazine "Enquête de santé"
Et la spécialiste de poursuivre : "Donc on a fait le postulat qu'en travaillant avec la voix chantée, puisqu'il y a ce réflexe, cela va favoriser l'émergence des bruits de bouche, qui vont amener le babillage et puis après le langage." Car les prématurés souvent sujets à des retards de langage. Afin d'optimiser les bienfaits de la musique sur le cerveau de ces enfants, Delphine Ribemont-Lambert encourage aussi leurs mères à leur fredonner des mélodies en leur donnant des cours de chant. Une attention particulière est apportée au timbre des voix, les sons aigus étant bannis afin de ne pas heurter les oreilles immatures des nouveau-nés.
Calmer les épileptiques
Les nouveau-nés fragiles ne sont pas les seuls à trouver une forme de bien-être grâce à la musique. C'est aussi le cas de certains adultes, surtout lorsqu'ils sont atteints par des pathologies neurologiques que rien ne semble apaiser.
Eva Menard, 39 ans, souffre d'épilepsie depuis l'adolescence. "On m'a proposé un traitement médicamenteux qui n'a pas fonctionné, comme pour un tiers des patients épileptiques", confie cette chanteuse et compositrice, qui décide de changer d'hygiène de vie et d'utiliser la musique pour se soigner.
"La musique servait à m'apaiser et à me mettre dans un état d'auto-hypnose, de méditation qui me permettait de réguler finalement mon activité cérébrale. Je m'apercevais, d'un point de vue empirique, que ça avait un impact sur mon bien-être et donc que ça avait un impact sur mon épilepsie."
Eva Menard, patiente épileptiquedans le magazine "Enquête de santé"
L'un des morceaux qui produit ces effets bénéfiques est la sonate K448 en ré majeur pour deux pianos de Mozart. Depuis 20 ans, plusieurs études démontrent que cette composition atténuerait les crises épileptiques. La dernière, datée de 2021, effectuée par des chercheurs du département de neurologie de l'université américaine Dartmouth College a été publiée dans la revue Nature Scientific Reports. Lors de leurs expériences, les scientifiques ont fait écouter cette sonate à 16 patients équipés d'implants à l'intérieur du crâne. Ils ont découvert que le phénomène électrique cérébral caractéristique des crises d'épilepsie s'atténuait notablement pendant l'écoute.
Eva Menard et le neurologue Fabrice Bartolomei ont ainsi constitué un groupe de recherche afin de lancer une étude auprès de 300 patients épileptiques dans 26 hôpitaux français, en utilisant cette sonate.
"Aujourd'hui, ce que l'on veut faire, c'est comprendre réellement pourquoi cette sonate-là a un impact sur le cerveau des patients."
Eva Menard, compositricedans le magazine "Enquête de santé"
L'objectif de ces prochaines expérimentations est de concevoir un répertoire musical dont l'écoute permettrait de réduire la fréquence et l'intensité des crises d'épilepsie. "Si on arrive à démontrer définitivement que cette forme de musique ou des musiques avec des caractéristiques propres de la sonate de Mozart est efficace, je pense que l'on pourra généraliser beaucoup plus cette approche de traitement", détaille Fabrice Bartolomei, qui espère pouvoir ainsi identifier précisément quels composants musicaux de la sonate s'avèrent bénéfiques, dans l'espoir de "reproduire l'effet" avec d'autres morceaux.
Le documentaire Quand la musique est bonne... pour la santé ! réalisé par Céline Bittner est diffusé mardi 17 décembre à 21h05 sur France 5 et sur la plateforme france.tv.
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