"Ce n’est pas ça mon métier, madame Buzyn" : épuisée, une infirmière rend sa blouse blanche
Dans un message publié sur Facebook, Mathilde Basset a décidé d’interpeller la ministre de la Santé. Infirmière en Ehpad, elle dénonce des conditions de travail déplorables.
C'est un long texte d'une quarantaine de lignes, que Mathilde Basset a posté sur sa page Facebook, fin décembre. L'infirmière de 24 ans a travaillé pendant trois mois au sein de l'hôpital du Cheylard (Ardèche). D'abord aux urgences, puis au sein de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Avant de craquer. "Je rends mon uniforme", écrit-elle. "Dégoûtée, attristée", par les conditions de travail des personnels soignants.
"Dans une usine d'abattage"
Mathilde Basset raconte l'épuisement de ses collègues, le manque d'effectifs dans beaucoup de services. Aux urgences, elle pouvait "se retrouver à gérer seule 35 patients relevant d'une surveillance clinique accrue, accueillir un ou plusieurs usager(s) qui entre de manière "programmée" et prendre en charge une ou deux urgence(s) vitale(s), le tout simultanément".
Elle détaille par exemple sa journée du 27 décembre, semblable à toutes les autres. "Je presse les résidents pour finir péniblement ma distribution de médicaments à 10h15 (débutée à 7h15), je suis stressée donc stressante et à mon sens, maltraitante." Mathilde raconte qu'elle "brusque les résidents", n'est "disponible pour personne" et est incapable de "créer le moindre relationnel avec les familles et les usagers". C'était comme "dans une usine d'abattage qui broie l'humanité des vies qu'elle abrite, en pyjama ou en blouse blanche", écrit-elle.
A la fin de son message, la désormais ex-infirmière interpelle la ministre de la Santé Agnès Buzyn et sa "politique gestionnaire". A L'Humanité, elle explique que sa situation n'est pas isolée. Elle "dépasse de très loin le cadre du centre hospitalier du Cheylard".
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