Comment surmonter une situation de stress au travail ?
Voici les conseils de professionnels de la santé et des ressources humaines pour se sortir d'une situation délicate et éviter de sombrer dans la dépression.
"Plus d’un salarié européen sur cinq déclare souffrir de troubles de santé liés au stress au travail", selon l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Le monde du travail est un milieu propice aux situations stressantes. Il faut gérer l'urgence, assumer des responsabilités parfois grandissantes, s'exprimer en public, s'accorder avec ses collègues...
L'Observatoire du stress d'Orange rapporte, mardi 18 mars, que dix salariés se sont suicidés dans l'entreprise depuis le début de l'année, soit "presque autant qu'au cours de toute l'année 2013". Une situation "grave", mais qui n'est pas isolée. Des milliers de salariés souffrent de stress au travail en France, au point parfois de commettre l'irréparable. Comment réagir quand la vie dans l'entreprise devient impossible ? Les explications de francetv info.
Bien diagnostiquer son stress
La première chose, c'est de bien diagnostiquer le type de stress dont on est victime. Il faut ici distinguer le stress aigu (ponctuel) du stress chronique. Le second est plus inquiétant, explique Jean-Luc Nicolas, médecin du travail en Charente : "On dort mal, on se réveille la nuit et on pense à son travail, on a la boule au ventre, on est vite fatigué face aux tâches à exécuter... Jusqu'à la situation où l'on se dit 'Je n'en peux plus', qui peut conduire à un 'burn out'." Le corps peut exprimer ce malaise : "On remarque des cas d'hypertension artérielle, de troubles digestifs, de maux de tête ou de dos, voire de surconsommation d'aliments pour gérer le stress."
Plusieurs outils existent pour mesurer le stress au travail. L'un d'entre eux est l'échelle HAD (Hospital anxiety and depression scale). Quatorze questions simples auxquelles on répond soi-même, telles que : "J'ai l'estomac noué" ou "Je ne m'intéresse plus à mon apparence". Selon le résultat obtenu, on peut savoir si "un avis spécialisé" est nécessaire.
Il arrive aussi qu'une personne soit affectée par un élément extérieur qui "contamine" sa santé sur son lieu de travail. "Plusieurs facteurs de stress peuvent s'additionner, poursuit Jean-Luc Nicolas. Une personne qui traverse une période difficile dans sa vie familiale et qui, en plus, est en conflit avec un supérieur vivra d'autant plus mal ce conflit au quotidien." Comment donc définir le stress chronique ? "On parle de problème de santé quand on dit que les capacités d'adaptation de la personne sont dépassées : on ne peut plus faire face, on n'arrive plus à s'adapter."
Ne pas laisser traîner les choses
Une erreur à ne pas commettre est de laisser ce stress en sourdine. De nombreux témoignages de salariés, comme sur Cadremploi.fr, indiquent qu'une prise de conscience tardive aggrave les choses. "J'ai compris trop tard que j'avais été victime de harcèlement moral, raconte une ancienne manager dans une société immobilière. Je croyais devenir folle, parano, et j'ai sombré dans une grave dépression."
S'adresser à un médecin...
"Les personnes victimes de stress au travail en parlent généralement à leur entourage proche, détaille le médecin Jean-Luc Nicolas. Mais ce n'est pas suffisant. Il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin traitant, qui évaluera de son côté le niveau de gravité de stress dans laquelle se trouve le patient." Quid de la consultation d'un psychologue, ou de la prise de médicaments ? "Elles peuvent s'avérer utiles, mais il vaut mieux régler la situation au sein même du milieu professionnel. Et pour cela, alerter son médecin du travail reste la meilleure solution."
Le médecin du travail peut en effet alerter l'entreprise en cas de stress chronique d'un salarié. "Il m'arrive de demander qu'on réévalue la charge de travail d'une personne ou qu'on la change de poste par protection", note le médecin. En cas d'arrêt de travail, c'est le médecin traitant qui est chargé de rédiger le document.
... ou au CHSCT de l'entreprise
En plus du médecin, il est aussi possible de se tourner vers le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l'entreprise. C'est ce que recommande la Confédération française de l'encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC). "Un salarié en difficulté, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, commente Martine Keryer, secrétaire nationale chargée des conditions de travail. Cela veut dire que d'autres personnes sont en souffrance, et souvent que le problème vient des ordres donnés en haut de la pyramide. D'où l'intérêt de s'adresser à un collectif de travail."
Pour s'assurer une protection plus sereine, Martine Keryer recommande deux choses : "Ne pas s'adresser directement à sa hiérarchie et ne pas citer ses collègues nommément." Si le CHSCT n'a qu'un pouvoir de recommandation et d'alerte, il présente l'avantage de rédiger des procès-verbaux. "En cas de procédure judiciaire, un juge pourra examiner ces documents et estimer si l'employeur a fait une faute en refusant de répondre par des actes aux alertes du CHSCT."
Faut-il en parler à ses collègues ou à son supérieur ? "C'est beaucoup plus délicat, écrit la CFE-CGC sur son site internet. "On peut vite être considéré comme un faible, un loser ou quelqu'un qui ne supporte pas la pression. Néanmoins, chaque entreprise est différente : son ambiance, la confiance que l'on peut avoir dans le management... C'est au regard de tous ces paramètres que l'on peut, ou pas, prendre le risque d'en parler librement avec son n+1."
... ou à un cabinet spécialisé, s'il existe
Certains cabinets de conseil se sont spécialisés dans la gestion du stress en entreprise. Camy Puech, directeur du développement chez QualiSocial, explique à francetv info ce fonctionnement : "Les entreprises font appel à nous en cas de réorganisation interne, par exemple, ou après un événement grave dans l'entreprise." Les salariés ont droit à un entretien d'une grosse demi-heure avec un psychologue. "On a des ponts réels pour parler à la Direction des ressources humaines et s'assurer que les situations litigieuses ne perdurent pas. Cette réduction des risques s'inscrit à la fois dans l'intérêt du salarié et de l'entreprise."
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