L’odeur du paludisme peut-elle être détectée par des chiens ?
Ces dernières années, plusieurs équipes de chercheurs ont mis en évidence un fait surprenant : les parasites responsables du paludisme chez l’humain provoquent, chez un certain nombre de porteurs, une modification dans la composition de la sueur. À l’occasion du congrès annuel de la Société américaine de médecine tropicale, qui se tient actuellement à la Nouvelle-Orléans, des chercheurs britanniques ont présenté les premiers résultats d’une initiative originale basée sur ce phénomène.
L’idée ? Soumettre à l’odorat implacable de deux chiens... des chaussettes portées par des personnes vivant en zone endémique, en Gambie, pour les dresser à dépister la maladie – sur le modèle des chiens entraînés à détecter les traces de stupéfiants dans les aéroports.
Après le cancer et le diabète, le paludisme ?
Cette tâche a été déléguée à une organisation non-gouvernementale, Medical Detection Dogs, spécialisée dans ce type de dressage "à visée médicale". Les chiens de MDD enregistrent déjà certains succès dans la détection de certains composés volatils émis dans la respiration de patients atteints de plusieurs types de cancers, ou avec la sueur de personnes diabétiques. Alors, pourquoi pas le palu ?
Si tel était le cas, cela permettrait de disposer d’un test de détection rapide, peu cher, mobile et non invasif pour détecter la maladie.
Échantillons de chaussettes utilisées pour le dressage des chiens (crédits : Medical Detection Dogs)
Collectées dans une école de Gambie, 175 chaussettes portées durant 24 heures d'affilées ont été utilisées pour l'expérience. Trente provenaient d'enfants atteints du paludisme.
Selon les données présentées à la Nouvelle-Orléans ce 29 octobre, les deux chiens auraient respectivement été capables d’identifier 20 et 21 des 30 chaussettes de patients atteints du paludisme grâce à leurs chaussettes, soit un taux de succès d'environ 7 sur 10 – et donc un taux de "faux négatifs" de 3 sur 10, ce qui reste très élevé. Les animaux ont en outre identifié à tort 13 et 14 chaussettes de patients sains comme appartentant à des malades, soit un taux de "faux positif" voisin de 1 sur 10.
Si ces résultats sont décevants, les chercheurs estiment que la technique peut encore gagner en précision, au fur et à mesure que les chiens seront entraînés sur un plus grand nombre de chaussettes. Pour cette étude, les chaussettes collectées avaient été congelées pour être conservées le plus longtemps possible durant la phase de dressage, ce qui pourrait avoir influé sur les performances.
Selon Steven Lindsay, entomologiste à l'université britannique de Durham et auteur principal de ces travaux, la technique pourrait un jour être utilisée "aux points d'entrées dans les pays", notamment dans les aéroports, afin de "prévenir la diffusion du paludisme dans les pays qui l'ont éradiqué, et [de] permettre aux gens qui ne savent pas qu'ils sont infectés par le parasite du paludisme de recevoir un médicament antipaludique".
la rédaction d’Allodocteurs.fr, avec AFP
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