Malmener son horloge biologique peut nuire à la santé
Nous avons tous en nous une « horloge », qui synchronise nos cycles d'éveil et de sommeil, notre appétit, le niveau de production de certaines hormones, ou notre température corporelle. Cette horloge n’est constituée ni d’engrenages, ni de ressorts : comme l’ont démontré les lauréats du prix Nobel de physiologie 2017, le phénomène est lié à la production, l’accumulation et la dégradation de certaines protéines dans nos cellules.
Mais nos modes de vie malmènent un peu ces rythmes biologiques. Et cela n’est pas sans conséquences.
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Divers mécanismes en jeu
"Le rythme cardiaque augmente, la pression artérielle et le niveau d'insuline augmentent" à une heure inhabituelle, et "votre corps n'est pas prêt pour ça", résume pour l'AFP Hugh Piggins, professeur de neurosciences à l'université de Manchester.
Par ailleurs, lorsqu'on se force à rester éveillé, la production de cortisol est maintenue à un niveau élevé, alors qu’elle décroit normalement à l'arrivée de la nuit. Ce mécanisme, qui permet de maintenir notre état de vigilance, est soupçonné d’avoir effets délétères sur notre système immunitaire. À long terme, il pourrait favoriser l’apparition de certaines maladies, ou le développement de pathologies préexistantes.
Même à court terme, des perturbations des cycles éveil/sommeil comme celles provoquées par le décalage horaire peuvent être néfastes. Si un voyage vous amène à décaler brutalement de plusieurs heures vos horaires de repas et de coucher, vos interactions sociales seront plus difficiles, de même que votre capacité à tenir des raisonnements complexes ou à mémoriser des informations. Dans cet état, les gens peuvent faire "des choses exagérément impulsives, comme griller un feu rouge, et ne pas mesurer les conséquences de leurs actions", explique à l’AFP Russell Foster, professeur spécialiste des rythmes circadiens à l'université d'Oxford.
De nombreuses pathologies potentiellement concernées
Cancer – Diverses études sur les travailleurs de nuit, ou en travail posté (infirmières, ouvriers aux 3x8…) ont déjà identifié des liens avec le risque d'obésité et de cancer. Pour cette raison, en 2007, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les modifications du rythme circadien, tel le travail de nuit, comme "probablement cancérigènes".
Surpoids et obésité – Si nos horaires de prise de repas sont décalés vers des heures où notre métabolisme tourne au ralenti – et où les calories seront plus susceptibles d'être transformées en graisse que brûlées – il peut y avoir des conséquences sur notre prise de poids.
Des liens ont aussi été identifiés entre les perturbations de l'horloge interne et la dépression, les troubles bipolaires et cognitifs, la mémoire et même certaines maladies neurologiques.
Enfin, les scientifiques étudient également comment l'heure où l'on administre un médicament peut influer sur son efficacité et ses effets secondaires. "Nous arrivons à l'étape passionnante où nous pouvons commencer à utiliser cette connaissance (de l'horloge biologique, NDLR) pour comprendre ce qui se passe quand ces systèmes fonctionnent mal et, plus important encore, pour développer de nouvelles pistes thérapeutiques", conclut le Pr Foster.
la rédaction d’Allodocteurs.fr, avec AFP
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