Des mères plus âgées, des enfants plus maigres... Ce qu'il faut retenir de l'enquête périnatale 2016
L'Inserm et la Drees ont mis en ligne les premiers résultats de l'enquête nationale sur l'état de santé des femmes enceintes et de leurs enfants en 2016. Et certains sont inquiétants.
Grossesses, accouchements, santé du nouveau-né... L'enquête nationale périnatale dresse un état de santé des femmes enceintes et de leurs enfants. L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) ont mis en ligne, mercredi 11 octobre, les premiers résultats de l'édition 2016. Réalisée sous l'égide du ministère de la Santé, elle a porté sur 14 142 naissances (enfants nés vivants ou morts-nés) survenues entre le 14 et le 20 mars 2016 et sur 13 894 femmes dans l'ensemble des maternités de France, dont les cinq départements et régions d'outre-mer (Drom).
Franceinfo vous présente les principaux enseignements de cette nouvelle étude.
Des mères de plus en plus âgées
La proportion de naissances chez les femmes âgées de 35 ans et plus atteint désormais 21% en métropole contre 19% lors de la précédente enquête de 2010. En 2003, cette proportion était de 15,9%. Il s'agit d'une évolution de long terme, l'âge des mères au moment de l'accouchement augmentant de manière continue depuis des décennies, selon les auteurs de l'étude.
Le report des naissances vers un âge maternel plus avancé est considéré comme une évolution défavorable car cela a une influence négative sur la fertilité et majore les risques pour la mère et l'enfant : "Prématurité, gémellité, trisomie, complications de pathologies qui peuvent s'aggraver avec l'âge...", explique la responsable de l'enquête, Béatrice Blondel (Inserm). L'âge moyen des mères (pour les naissances vivantes) est passé de 26,5 ans en 1977 à 29,5 ans en 2003, puis à 29,9 ans en 2010 et 30,4 ans en 2016. Pour le premier enfant, les femmes avaient en moyenne 28,5 ans en France en 2015, soit quatre ans et demi de plus qu'en 1974, soulignait une étude de l'Insee en mars.
Des cas de surpoids de plus en plus fréquents
L'augmentation du surpoids et de l'obésité chez la mère est également préoccupante. En 2016, en métropole, 20% des mères étaient en surpoids et près de 12% étaient obèses, contre respectivement 17% et 10% en 2010. En 2003, ces proportions étaient de 15% pour le surpoids et de 7% pour l'obésité. En outre-mer, le taux d'obésité des femmes enceintes est plus élevé (21%).
En raison de cet excès de poids, "pendant la grossesse, les femmes sont plus à risque de pathologies graves (pré-éclampsie, diabète...) et elles ont un risque plus élevé de mortalité", souligne la chercheuse. "Pour l'enfant, cela a un impact en termes d'anomalies de croissance in utero, de mortalité foetale, mais aussi probablement à plus long terme sur le poids et la santé de manière générale", rappelle-t-elle.
Des enfants de plus en plus maigres
L'enquête montre aussi la dégradation de certains indicateurs de santé périnatale. Le taux de prématurité augmente depuis 1995 (de 4,5% en 1995 à 6% en 2016 chez les enfants uniques nés vivants) tandis que la proportion d'enfants de petit poids (indépendamment de la durée de la grossesse) a augmenté durant cette période (de 10,1% à 10,8% chez les enfants uniques).
Des épisiotomies en baisse
Parmi les "bonnes nouvelles", les auteurs relèvent un meilleur suivi par les soignants des recommandations au moment de l'accouchement, ce qui se traduit notamment à travers la poursuite de la baisse du taux d'épisiotomies (55% en 1998, 27% en 2010, 20% en 2016).
De même, le recours à l'oxytocine, médicament qui permet d'accélérer les contractions et présente des risques pour la santé maternelle, baisse (de 57,6 % à 44,3 %) chez les femmes en travail spontané. Ce médicament a cependant d'autres usages utiles en gynécologie, souligne la chercheuse, comme pour les préventions de l'hémorragie du post-partum (après l'accouchement) qui, point positif selon l'enquête, se sont généralisés.
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