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Réforme de la santé : "Il faudrait que les urgences donnent les adresses des maisons médicales de garde"

"Beaucoup de gens atterrissent aux urgences alors qu'ils devraient être dans nos cabinets" estime la vice-présidente du syndicat de médecins généralistes MG France.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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"75% des passages aux urgences se font pendant les horaires d'ouverture des cabinets", précise Agnès Giannotti, du syndicat de médecins généralistes MG France. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

"Il faudrait que les urgences donnent les adresses des maisons médicales de garde à côté [...] peut-être que les patients iront sans contrainte et sans difficulté, sauf que l'information on ne leur donne pas", a déclaré mardi 21 août sur franceinfo Agnès Giannotti, vice-présidente du syndicat MG (médecins généralistes) France.

Plus tôt dans la journée, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, qui doit présenter à la rentrée une réforme globale du système de santé, a affirmé sur franceinfo qu'il n'y aurait "aucune fermeture d'hôpitaux de proximité". La ministre a également déploré le réflexe des patients à se rendre systématiquement aux urgences. Un constat également fait par Agnès Giannotti qui précise que "75% des passages aux urgences se font pendant les horaires d'ouverture des cabinets". Et d'ajouter : "Mais l'arrivée aux urgences représente une manne financière pour les hôpitaux, il ne faut pas se voiler la face."

franceinfo : Ce que dit la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, de ne pas se rendre aux urgences quand on en n'a pas besoin, vous paraît-il évident ?

Agnès GiannottiC'est vrai que beaucoup de gens atterrissent aux urgences alors qu'ils devraient être dans nos cabinets. Le problème c'est que 75% des passages aux urgences se font pendant les horaires d'ouverture des cabinets donc il ne faut pas rajouter des gardes mais diriger les patients vers nos cabinets. Il y a aussi des maisons médicales de garde, par exemple sur Paris, qui sont quasiment vides alors que les urgences sont pleines. Tout simplement parce qu'il n'y a pas de coordination entre les services des urgences et la médecine de ville. Sur le territoire, les médecins généralistes sont organisés pour assurer ce qu'on appelle la continuité des soins et vont continuer à s'organiser dans ce qu'on appelle les communautés professionnelles territoriales de santé. Encore faut-il que des moyens soient débloqués pour ça parce que pour l'instant les moyens manquent.

Que fait-on pour dissuader les patients d'aller aux urgences ?

Il faudrait que les urgences donnent les adresses des maisons médicales de garde à côté ou pas très loin et qui sont ouvertes et où ils n'auront pas quatre heures d'attente, peut-être qu'ils iront sans contrainte et sans difficulté, sauf que l'information on ne leur donne pas. Il faut mutualiser le travail. Mais c'est vrai que les arrivées aux urgences représentent une manne financière pour les hôpitaux, il ne faut pas se voiler la face, donc il faudra aussi que les hôpitaux aient des rentrées d'argent autre que celle-là.

Dans les zones rurales encore faut-il que les patients aient accès à des médecins généralistes ?

C'est évident qu'il faut aider les gens à s'installer et aussi donner les moyens aux médecins de travailler mieux. Une des idées c'est de mettre des assistants de cabinets médicaux qui permettent de dégager du temps médical pour qu'on voit plus de patients. Mais c'est vrai qu'un jeune médecin n'ira pas dans une zone où il n'y a pas d'école pour ses enfants, ni les services minimum. C'est un ensemble de choses qui font que les gens s'installent ou pas dans une zone. Mais on parle de régions rurales, moi je suis dans le 18e arrondissement de Paris et je suis dans une zone totalement sous-dotée en médecins généralistes en plein Paris. Le matin quand j'arrive au cabinet il y a déjà 15 personnes qui m'attendent sur le pas de la porte, tous les jours. Le nombre de médecins généralistes dégringole dans la France entière. Il faut que les étudiants viennent en médecine libérale pour qu'ils aient le goût de s'installer.

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