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Deux millions de français ne portent pas d'audioprothèses, faute de moyens

Selon une étude de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, un déficient auditif sur quatre ne peut pas s'équiper correctement à cause des prix pratiqués par les prothésistes. Un "scandale sanitaire" toujours plus pressant tandis que la population continue de vieillir.
Article rédigé par franceinfo
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  (En France, les ventes d'audioprothèses ont plus que doublé en 15 ans.)

En France, plus de 2 millions de français renoncent à s'équiper d'une prothèse auditive : pour un déficient auditif sur quatre, c'est tout simplement trop cher. Pour équiper ses deux oreilles, il faudra en effet débourser aux alentours de 3 000 euros. Et vu les remboursements très limités de l'assurance-maladie et des mutuelles, les consommateurs dépensent à leur charge 1100 euros par oreille.

"Le marché est verrouillé par quelques prothésistes. C'est un problème sanitaire de tout premier ordre." (Alain Bazot, président de UFC-Que Choisir)

Une situation anormale selon l'UFC-Que Choisir, qui dénonce des dérives et met en cause la profession."3000 prothésistes, c'est notoirement insuffisant par rapport aux 7000 qu'il faudrait avoir pour répondre aux besoins de la population " estime Alain Bazot, président de l'association.

"Il n'est pas normal qu'il y ait un taux de marge de plus de 80%" dénonce Alain Bazot, président de UFC-Que Choisir

Mais, selon le syndicat national des audioprothésistes Unsaf, le rapport n'est qu'une étude biaisée et à charge contre les prothésistes, qui émettent une mise en garde : trop de concurrence fait baisser la qualité, pas le prix.

Un lien flou entre les ORL et les prothésistes

L'étude dénonce par ailleurs les "obscurs liens d'argent " entre les audioprothésistes et les médecins oto-rhino-laryngologiste (ORL) d'une part, les fabricants d'autre part. Elle estime que 30% des acheteurs se font conseiller par leur ORL pour choisir un audioprothésiste.

Or, ces derniers font bénéficier les médecins d'avantages en nature qui peuvent "laisser planer le doute " sur l'objectivité des ORL. Les fabricants de leur côté détiennent souvent des parts dans le capital des audioprothésistes et peuvent même leur accorder des prêts. "La contrepartie est claire: mettre en avant leurs produits " plutôt que d'autres marques, juge l'association. Selon l'UFC-Que Choisir, seule une totale transparence sur ces liens permettra au consommateur de faire un choix éclairé.

Et face au vieillissement de la population, le problème pourrait devenir pressant : depuis les années 2000, les ventes d'audioprothèses ont plus que doublé, pour frôler les 600 000 en 2014, soit un marché juteux de 927 millions d'euros.

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