Cannabis thérapeutique : "J'ai fumé un joint qui m'a soulagée comme aucun médicament ne l'avait fait avant"
Une sexagénaire atteinte d'une maladie rare et très douloureuse a fumé un joint sur les conseils de son entourage. "Une révélation", dit-elle.
"Un jour, poussée par mon entourage, j'ai effectivement fumé un joint de cannabis qui m'a soulagée instantanément pratiquement, comme aucun médicament ne l'avait fait avant", a confié ce vendredi 25 octobre sur franceinfo Mado Gilanton, porte-parole du collectif Espoir (im)patient et représentante de l’Alliance maladies rares au comité scientifique temporaire Cannabis thérapeutique de l’ANSM. Elle réagissait au feu vert donné par l'Assemblée nationale à l'expérimentation du cannabis à usage thérapeutique pour quelques 3 000 patients dès le premier semestre 2020.
franceinfo : Pourquoi avez-vous commencé à consommer du cannabis ?
Mado Gilanton : J'ai 65 ans. J'ai lutté toute ma vie contre les drogues. Et puis un jour, j'ai été atteinte d'une maladie rare qui s'appelle la syringomyélie qui est une maladie de la moelle épinière. C'est une maladie extrêmement douloureuse, des douleurs neuropathiques sévères, réfractaires à tout traitement. J'ai été sous des traitements lourds à base d'opioïdes qui ne faisaient rien, mais dont j'étais devenue dépendante. Et puis un jour, poussée par mon entourage, j'ai effectivement fumé un joint de cannabis qui m'a soulagée instantanément pratiquement, comme aucun médicament ne l'avait fait avant.
J'étais vraiment en impasse thérapeutique totale.
Mado Gilantonà franceinfo
N'étant pas fumeuse, j'ai trouvé une façon autre de le prendre, sous forme de tisane, j'ai trouvé sur internet des recettes. J'ai une chance inouïe, j'ai un effet rémanent, et donc je n'en prends pas si je n'en ai pas besoin, contrairement aux opioïdes où j'en prenais même si ça ne me faisait aucun effet, parce que je ne pouvais plus m'en séparer.
Comment avez-vous réagi quand vos proches ont dit : "Essaie le cannabis" ?
Je n'en voulais pas ! Je ne suis pas fumeuse et franchement, je n'y croyais pas du tout, donc pour moi, ça a été une révélation. À partir de ce moment-là, j'ai commencé à étudier, aussi parce que beaucoup de patients de l'association se posaient énormément de questions. Certains fumaient du cannabis ou le prenaient sous forme de tisane. J'ai commencé à me former au cannabis thérapeutique. J'ai prévenu le médecin qui se chargeait de moi au centre de la douleur où j'étais suivie, qui m'a dit de continuer, de l'appeler s'il y avait un souci, parce qu'elle n'avait autrement aucune solution pour moi.
Attendez-vous avec impatience le début de l'expérimentation ?
Bien-sûr qu'on est impatient ! Ça fait longtemps qu'on milite pour cela, qu'on a vu beaucoup de monde, qu'on a persuadé des médecins, des politiques... Ces deux dernières années ont été très denses en activité pour nous et puis, on attend parce que vous savez, les gens souffrent. Il faut savoir que des douleurs neuropathiques, il y a des personnes en France qui se suicident à cause de ça régulièrement. Nous dans notre association, on a perdu deux personnes par suicide cette année. On sait que ça ne va pas être la solution pour tout le monde, mais si on arrive à soulager un certain nombre de patients, ceux-là seront soulagés. On n'a rien d'autre ! C'est ce qu'il faut bien se dire.
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