Baisse des ventes de cigarette électronique : "Une correction du marché après une phase de mode"
Selon Bernard Basset, vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, "il n'y a plus l'attrait de la nouveauté".
La filière française de la cigarette électronique souffre d'une chute d'activité de l'ordre de 25% à 30%, a indiqué lundi 30 septembre, l'entreprise Kumulus Vape, l'un des grands acteurs du secteur. Cette baisse intervient alors que le vapotage est mis en cause aux États-Unis où 805 cas de maladies pulmonaires liées à la cigarette électronique ont été recensés dans le pays.
Selon Bernard Basset, vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), interrogé mardi 1er octobre sur franceinfo, "il y a une correction du marché, après une phase de mode, il y a une phase de sagesse et d'utilisation plus raisonnée".
franceinfo : En France, nous n'avons pas de chiffres officiels sur des maladies ou des cas mortels. Est-ce qu'on cherche vraiment à le savoir aujourd'hui ?
Bernard Basset : Je pense que le produit est sous surveillance et sous contrôle des agences sanitaires, comme tous les produits qui interviennent sur la santé. On n'a pas de cas en Europe. Aux États-Unis, les conditions d'utilisation sont assez différentes. En France, le vapotage est considéré comme un moyen d'aide à l'arrêt du tabac parce que le tabac a un bilan effroyable : une personne sur deux en meurt. Aux États-Unis, il y a un marché beaucoup moins régulé et une utilisation en partie ludique. Après une phase de mode, il y a une correction du marché, une phase de sagesse et d'utilisation plus raisonnée. Il y avait une promotion du vapotage d'une diversité de produits en particulier auprès des jeunes qui n'ont jamais fumé : on rendait une population jeune dépendante à la nicotine alors qu'elle ne l'était pas.
Est-ce que dans l'esprit du grand public, la cigarette électronique n'est plus forcément la solution miracle aujourd'hui ?
Après une phrase d'engouement, qui est liée à l'apparition d'un nouveau produit où on peut penser que c'est cela qui nous débarrassera à jamais du tabac, il y a une stabilisation de l'opinion. Il n'y a plus l'attrait de la nouveauté. Il y a des facteurs économiques.
Vapoter, cela reste un geste qui n'est pas anodin : c'est inhaler des substances
Il y a une inhalation de substances mais par rapport à la cigarette où l'on inhale des produits de combustion, c'est-à-dire des goudrons, du monoxyde de carbone qui sont extrêmement destructeurs pour les tissus pulmonaires et provoquent des insuffisances respiratoires, des problèmes cardiaques ou des cancers, le vapotage ne fait pas inhaler ces produits-là. Donc la position des praticiens était pragmatique en France : par rapport à un risque effroyable, le vaportage procure un bénéfice indéniable. C'est une question de bénéfices-risques et le vapotage est infiniment moins dangereux que le tabac. Pour l'instant, il n'y a pas de panique et de changement d'appréhension du produit. C'est un produit qui est toujours sous surveillance des autorités françaises, comme tous les produits de consommation courante qui sont utilisés.
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