"Les lobbies du tabac sont les vainqueurs", dénonce un tabacologue après la suppression de la limite d’une cartouche de cigarettes achetée dans un pays de l’Union européenne

Le président de l'association "Paris sans tabac" Bertrand Dautzenberg estime samedi sur franceinfo que les décisions de l'Europe et du Conseil d'État vont à l'encontre de la santé publique.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Image d'illustration. (JOHN THYS / AFP)

"Les lobbies du tabac sont les vainqueurs", estime samedi 30 mars Bertrand Dautzenberg, tabacologue, pneumologue et président de l'association "Paris sans tabac", au lendemain de la suppression de la limite de 200 cigarettes, soit une cartouche, qu'un particulier était autorisé à ramener d'un autre pays de l'Union européenne. Une mesure "contre la santé publique", s'inquiète le tabacologue. "Là, l'Europe et le Conseil d'État décident que finalement la santé ce n'est pas très important mais ce qui est important, c'est la liberté du marché", regrette-t-il.

"C'est complètement stupide sur plan de la santé. Et sur le plan économique aussi parce que les cancers et les infarctus coûtent très cher à la Sécurité sociale", fustige-t-il. "C'est d'une stupidité absolue, le tabac est la première cause de mort évitable", rappelle le pneumologue, ajoutant que le tabac "ne doit pas répondre aux lois du marché". Pour le tabacologue, l'abolition de la limite de 200 cigarettes revient à dire au consommateur d'"aller acheter ses cigarettes dans un pays où les cigarettes sont moins chères". "On peut avoir le cancer du poumon ou l'hémiplégie ou l'infarctus pour sept euros par jour au lieu de payer douze euros par jour", déplore-t-il.

Le Conseil d'État avait enjoint fin septembre au gouvernement de mettre le droit interne en cohérence avec le droit de l'Union européenne. La directive indique que les États membres ne peuvent pas fixer le seuil à un niveau inférieur à 800 cigarettes. Mais dans le décret pris vendredi par le gouvernement, aucun seuil ne figure.

Désormais, ce sont les douaniers qui devront déterminer si les cartouches ramenées en France serviront pour une "consommation personnelle" ou pour de la contrebande. Selon le président de l'association antitabac, le terme de "consommation personnelle", "voulu par des dizaines et des dizaines de lobbies du tabac" est trop "flou". "Il n'y a pas de limite", regrette Bertrand Dautzenberg pour qui "le tabac doit répondre à des lois de santé publique"

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