Mort subite du nourrisson : l'alcool et tabac pendant la grossesse sont-ils en cause ?
Comment expliquer la mort subite du nourrisson ? Ce syndrome, qui constitue la première cause de mortalité en France pour les bébés de un mois à un an, correspond au décès brutal et inattendu du nourrisson au cours de son sommeil. Les causes de la mort subite du nourrisson sont encore mal connues.
Des chercheurs américains et sud-africains de l’université d’Harvard (Boston, États-Unis), du Center for Pediatric & Community Research à Sioux Falls (États-Unis) et de l’université de Stellenbosch (Afrique du Sud) se sont intéressés à une des hypothèses possibles : celle de la consommation maternelle de tabac et d’alcool pendant la grossesse. Ils publient leur étude encadrée par l’Institut National de la Santé américain (NIH pour National Institutes of Health) le 20 janvier 2020 dans la revue The Lancet.
12 fois plus de risque de mort subite
Pour cette étude, les chercheurs ont travaillé sur les données de santé de 10.088 femmes et plus de 12.000 foetus. Sur la totalité, 66 sont décédés dont 28 d’un syndrome de mort subite du nourrisson. Pour tous ces cas, les chercheurs ont noté la consommation d’alcool et de tabac des mères pendant leur grossesse.
Résultat : le risque de mort subite est multiplié par près de 12 (11,79) quand la mère fumait et buvait après le premier trimestre de la grossesse par rapport aux mères qui ne fumaient pas et ne buvaient pas ou qui avaient arrêté avant la fin du premier trimestre.
Les effets du tabac et de l’alcool semblent se cumuler puisque le facteur de risque descend à 3,95 quand la mère buvait mais ne fumait pas et à 4,86 si elle fumait mais qu’elle ne buvait pas.
Comprendre l’action des toxines de l’alcool et de la cigarette
Comment expliquer ces résultats ? Pour le moment, les chercheurs ne connaissent pas précisément les mécanismes biologiques expliquant cette corrélation. Ils soupçonnent d'une part l’alcool et la nicotine d’altérer les circuits chimiques qui contrôlent la fonction cardiorespiratoire, le sommeil et l’éveil.
D'autre part, ils évoquent la piste de la réponse immunitaire, inflammatoire et infectieuse de l'organisme à ces substances. L’alcool et la nicotine pourraient également agir au niveau du placenta et nuire durablement au fœtus.
"Des recherches approfondies sur la façon donc les toxines de l’alcool et de la fumée agissent au niveau prénatal pour entraîner une mort subite liée au sommeil dans un temps postnatal sont nécessaires" écrivent les auteurs dans leur étude.
Dépister le tabagisme et l’alcoolisme dès le projet de grossesse
Et même si cette étude porte sur un nombre restreint de cas et qu’elle ne prouve pas de relation de cause à effet, elle porte, selon les dirigeants du NIH, un important message sanitaire.
"Dans la mesure où de nombreuses femmes cessent de boire et de fumer seulement après avoir appris qu’elles sont enceintes, cette étude plaide fortement pour le dépistage de l’usage de ces drogues au début de la grossesse et pour intervenir dès que possible" soulignent-ils dans une déclaration jointe à l’étude.
Ils préconisent enfin "un renforcement des messages de santé publique concernant les dangers de la consommation d’alcool et de tabac pendant la grossesse et chez les femmes qui prévoient de tomber enceinte".
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