Un implant contre la dépendance aux opiacés autorisé aux USA
La Food and Drug Administration (FDA), l'instance de régulation des produits de santé américaine, vient de donner le feu vert au premier implant sous-cutané dans le traitement de la dépendance aux opiacés. Inséré et retiré chirurgicalement, le petit bâtonnet délivre pendant six mois une dose, faible mais constante, de buprénorphine. La buprénorphine est une molécule utilisée comme traitement de substitution, qui se fixe au niveau des récepteurs morphiniques cérébraux. En France, elle n’est disponible que sous forme de comprimés à faire fondre sous la langue, commercialisés sous le nom de Subutex®.
Seulement pour les patients déjà stabilisés
Le nouvel implant est indiqué uniquement chez les patients qui ont été préalablement stabilisés par d'autres formes de buprénorphine, dans le cadre d'un programme de traitement complet. "Lors de la mise en place du traitement, le médecin augmente progressivement les doses de buprénorphine, administrée sous forme de comprimés sublinguaux, jusqu'à stabilisation. Il n'est donc pas possible d'administrer directement cet implant", explique le Pr Amine Benyamina, psychiatre-addictologue à l'hôpital Paul Brousse (Villejuif) et président de la Fédération française d'addictologie.
Aux USA, l'innocuité et l'efficacité de l'implant ont été démontrées dans un essai clinique chez des adultes considérés comme stables, et qui répondaient aux critères cliniques de la dépendance aux opiacés. 63% des patients implantés n'ont pas utilisé d'opiacés tout au long des six mois de traitement. Un chiffre tout à fait similaire à celui obtenu en cas de traitement par comprimés.
Observance et liberté assurées
L'implant de buprénorphine présente de grands avantages, comparativement aux formes orales. Il assure, en premier lieu, l'observance du traitement : impossible d'oublier ou de perdre son traitement, ou encore d'en faire un mésusage. De la même manière, les possibilités de détournement du produit (dont font l'objet les comprimés de Subutex®) semblent très réduites, voire inexistantes. Et c'est surtout le moyen pour le malade de s'affranchir de son traitement. "L'implant, c'est la liberté. Le patient n'aura plus besoin de se rendre à la pharmacie pour avoir ses médicaments", note le Pr Benyamina. La buprénorphine, dans notre pays, fait l'objet de ce qu'on appelle une délivrance fractionnée, contraignante pour le malade. Sauf mention expresse du prescripteur, le pharmacien ne peut pas donner plus de sept jours de traitement.
Même si l'implant était autorisé sur le marché français, il ne se suffirait toujours pas à lui-même. "La dépendance aux opiacés est un problème psycho-socio-médical", rappelle le Pr Benyamina. "Sa prise en charge doit être globale, dans le cadre d'un programme de traitement complet qui inclut le soutien psychosocial".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.