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Effacer son tatouage au laser : une technique encore chère et imparfaite

Casser sous la peau les billes d’encre des tatouages, c’est ce que promet le laser pour les effacer. Mais la technique reste chère, douloureuse et n’est pas efficace à chaque fois. La réussite du traitement dépend notamment de la couleur des pigments.
Article rédigé par Bruno Rougier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Douloureux, long et coûteux, le détatouage utilise la technique du laser © MaxPPP)

L’été, les pantalons, robes et t-shirt raccourcissent et dévoilent de nombreux tatouages. Pourtant, aux Etats-Unis par exemple, 20% des personnes passées sous les aiguilles n’assument plus leur dessin moins d’un an après se l’être fait tatoué. Coup de tête, insertion malaisée dans le monde du travail… les raisons sont nombreuses pour se faire "dé-tatouer". Et comme pour beaucoup de traitements cutanés, c’est le laser qui est utilisé.

Sur le principe, l’opération est simple : il s’agit de casser les billes d’encre insérées sous la peau. Le laser les fractionne en toutes petites particules. Plus elles sont petites, et plus l’organisme les absorbe, faisant disparaitre le dessin. C’est la raison pour laquelle effacer un tatouage prend plusieurs mois : il faut laisser au corps le temps de digérer toutes les minuscules particules d’encre. "Une sécurité de base avec les lasers de première génération qui sont encore les plus utilisés, est de respecter un délai de deux mois entre les séances pour éviter tout problème, que la peau se repose"  prévient Jean-Michel Mazer, dermatologue et spécialiste du laser. La disparition d’un tatouage prend au moins deux ans.

Assumer un tatouage "moche" le temps du traitement

C’est l’un des désagréments du dé-tatouage. Outre la douleur qu’il occasionne - le traitement serait aussi douloureux que le tatouage lui-même, malgré les crèmes anesthésiques – il nécessite une grande patience. "Le tatouage part progressivement", explique Jean-Michel Mazer, "quand un tatouage ne plait plus, on va le gommer partiellement. Donc on va se retrouver avec un tatouage qui ne ressemble plus à rien, qui va être "moche", et on va devoir vivre avec pendant le temps du traitement qui va être de un à 4 ans suivant le type de tatouage ."

Principaux critères de cette durée : la taille mais aussi les couleurs du tatouage. Les pigments noirs partent plus facilement que les couleurs. "Le rouge et le vert par exemple qui sont très à la mode sont plus difficiles à enlever que le noir. On va avoir beaucoup de mal à enlever complètement les tatouages multicolorés et le traitement va très long : beaucoup de séances, souvent plus de dix, sont nécessaires ."

"Le rouge et le vert sont plus difficiles à enlever que le noir" Jean-Michel Mazer, dermatologue

Le soleil et les produits liquides augmentent le risque de cicatrices 

Et comme pour le tatouage, le dé-tatouage n’est pas conseillé en été. Le traitement est incompatible avec le soleil mais aussi avec les bains de mer. "On demande au patient d’éviter l’exposition solaire pendant au moins un mois, parce qu’il y a un risque que ça pigmente sur le tatouage […]. De même il faut éviter de traiter la peau bronzée, souvent on ne peut rien faire pendant l’été. […]. Si vraiment on fait n’importe quoi il y a un risque d’avoir des cicatrices."

Outre la douleur et le temps, il faut également prendre en compte le prix du traitement. Une séance au laser traditionnelle coûte entre 150 et 200 euros, jusqu’à 400 euros avec un laser de dernière génération. Sachant qu’il faut parfois 10 à 30 séances, les dermatologues découragent même certains patients. Enfin à proscrire : les produits liquides, vendus notamment sur internet. Au mieux ils ne sont pas efficaces, au pire, ils sont composés d'acides et brûlent la peau. Le risque de cicatrices en est augmenté. 

"On demande au patient d'éviter le soleil pendant au moins un mois" Jean-Michel Mazer, dermatologue

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