Epidémie de bronchiolite : les autorités sont-elles prêtes pour la campagne d'immunité qui débute le 15 septembre ?

Durant la saison 2023-2024, le Beyfortus, traitement préventif utilisé contre la bronchiolite, a très vite été réservé aux maternités, faute de doses disponibles. Cette année, près de 600 000 doses ont été commandées et un nouveau vaccin sera également proposé aux femmes enceintes.
Article rédigé par Florence Morel
France Télévisions
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Un bébé hospitalisé à l'hôpital de Bry-sur-Mane (Val-de-Marne), le 7 juin 2023. (ALINE MORCILLO / HANS LUCAS /  AFP)

La campagne d'immunisation des nourrissons avec le nirsevimab, un traitement commercialisé sous la marque Beyfortus et destiné à limiter les risques de bronchiolite chez les bébés, débute à partir de dimanche 15 septembre. Pour ce faire, quelque 600 000 doses ont été commandées à la fin du mois d'août pour approvisionner les pharmacies françaises, selon les chiffres du groupe pharmaceutique Sanofi. "Le produit est déjà disponible dans les officines et il arrive à l'hôpital à la mi-septembre", salue Christèle Gras-Le Guen, porte-parole de la Société française de pédiatrie.

Ce traitement est très attendu des pédiatres et des familles. Administré aux tout-petits dès la maternité, il a une efficacité allant de cinq à sept mois. Il a également permis d'éviter "environ 5 800 hospitalisations pour bronchiolite après passage aux urgences" entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024 en France hexagonale, selon deux études menées par Santé publique France et l'Institut Pasteur. "C'est lié à la particularité de cette immunisation, qui consiste à injecter des anticorps qui vont empêcher le virus de se bloquer au niveau des bronches et de se répliquer", explique Philippe Babe, chef du service de pédiatrie de l'hôpital Lenval à Nice.

Près de 600 000 doses, c'est près de trois fois plus de doses qu'à la saison dernière, où avec seulement 200 000 doses, la molécule n'a pas pu être administrée à tous les nourrissons. Victime de son succès, le traitement avait été réservé aux maternités dès le mois de septembre 2023"L'an dernier était un galop d'essai, tout à notre honneur, car nous étions le seul pays au monde à avoir lancé un essai de cette ampleur", souligne Christèle Gras-Le Guen, qui est également cheffe de pôle "femme-enfant-adolescent" au CHU de Nantes.

Un vaccin disponible pour les femmes enceintes

Avec le nombre de doses prévues cette année, la grande majorité des nouveau-nés pourront recevoir leur traitement : depuis janvier 2024, le nombre de naissances est en baisse constante par rapport à 2023, où 678 000 bébés ont vu le jour, selon l'Insee. "A priori, tout est ok, assure à franceinfo le président de l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine, Pierre-Olivier Variot. Ce n'est pas un médicament qu'on a en stock, on le commandera au fur et à mesure des ordonnances. On nous a assuré que les grossistes seraient approvisionnés."

Depuis le mois d'août, le Beyfortus n'est plus le seul traitement disponible pour prévenir la bronchiolite, cette maladie causée par un virus respiratoire syncytial (VRS), le plus souvent bénigne, mais qui présente parfois des formes sévères et peut nécessiter une hospitalisation. Administré à une femme enceinte pendant le huitième mois de grossesse, le vaccin Abrysvo, pris en charge par l'assurance-maladie, permet de transmettre des anticorps au futur bébé jusqu'à ses 6 mois grâce au transfert d’anticorps maternels. "On espère qu'avec le vaccin et le traitement, nous allons pouvoir diminuer la gravité de la maladie et le nombre de cas", note Christèle Gras-Le Guen. Mais sur ce point, Andreas Werner, président de l'Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa), est plus sceptique : "Quand on voit que la couverture vaccinale pour la grippe n'est que de 5 ou 10%, il est peu probable qu'il y ait une bonne couverture vaccinale avec un nouveau vaccin."

Objectif : éviter des hospitalisations 

Tout l'enjeu de cette double campagne est d'éviter de revivre la saison 2022-2023, durant laquelle les hôpitaux étaient saturés face à une triple épidémie de grippe, Covid-19 et bronchiolite, avec un total de 73 262 enfants de moins de 2 ans admis aux urgences entre novembre 2022 et janvier 2023, "ce qui est près de deux fois supérieur à la valeur moyenne des épidémies" enregistrées entre 2015 et 2020, notait alors Santé publique France.  Au point que des milliers de professionnels avaient écrit au président de la République dans Le Parisien pour l'alerter sur la "dégradation criante des soins apportés aux enfants qui les met[tait alors] quotidiennement en danger". Plusieurs bébés avaient même dû être hospitalisés loin de chez eux, faute de place dans un établissement plus proche.

D'autant que cette injection n'est pas seulement utile pour désengorger les services hospitaliers. "La bronchiolite est surtout un fardeau en termes de conséquences sur la santé des enfants, notamment en termes d'otites, de pneumopathies, et cela contribue à faire éclore l'asthme du nourrisson", rappelle Jean-François Pujol, secrétaire général du Syndicat national des pédiatres français. 

Toutefois, le vaccin et le traitement ne doivent pas faire oublier le respect des gestes barrières, comme se laver les mains et porter un masque quand on est malade. Le Beyfortus et l'Abrysvo "ne protègent que des VRS, mais pas de la coqueluche, la grippe ou les virus de l'hiver", rappelle ainsi Christèle Gras-Le Guen. Avant de souligner : "Un tout-petit se garde à l'abri, il faut éviter les grandes réunions de famille, les transports en commun ou les galeries marchandes, surtout dans la période hivernale."

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