Affaire Nestlé Waters : "Il n'est pas question de laisser les intérêts économiques primer sur la santé sanitaire", estime la sénatrice écologiste Antoinette Guhl qui fera partie de la mission parlementaire

La sénatrice écologiste Antoinette Guhl était invitée, jeudi, sur France Bleu Sud Lorraine.
Article rédigé par franceinfo
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Nestlé est visé par deux enquêtes préliminaires concernant de potentiels forages illégaux dans la nappe phréatique et des traitements interdits utilisés par le groupe pour masquer la contamination de ses eaux minérales naturelles. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

"Il n'est pas question de laisser les intérêts économiques primer sur la santé sanitaire", estime la sénatrice écologiste Antoinette Guhl qui fera partie de la mission parlementaire pour "mettre toute la lumière sur cette affaire Nestlé", explique-t-elle, jeudi 7 novembre, sur France Bleu Sud Lorraine.

La commission des lois du Sénat a validé mercredi le lancement d'une commission d'enquête parlementaire sur le scandale du traitement interdit des eaux minérales par la société Nestlé Waters dans ses usines vosgiennes.

"Une série de certitudes"

"Nous avons déjà une série de certitudes, à savoir que Nestlé Waters a effectivement fraudé et s'est rendu coupable d'une fraude sur les eaux en bouteille de Vittel, Contrex et Perrier", rappelle Antoinette Guhl, rapporteuse de la mission d'information dont les conclusions ont été rendues à la mi-octobre. Nestlé Waters a déjà dû payer une amende de 2 millions d’euros, "c'est trop peu, bien sûr, estime la sénatrice, puisqu'en fait le montant de la fraude a été évalué par les services de l'Etat à 3 milliards d'euros".

La commission d'enquête va donc pouvoir "rendre publiques toutes les auditions". Selon l'élue, "ce dossier, et c'est très clair, manque de transparence". En cause, la transparence "de l'industriel, bien sûr, mais aussi la transparence de la part de l'Etat qui a traité ce dossier pendant trois ans sans en faire part au grand public et aux consommateurs".

"Il est temps que ce soit rendu public, que tous les consommateurs soient informés et qu'ils puissent de fait faire leur choix en toute connaissance de cause, poursuit Antoinette Guhl, mais aussi que les services de l'Etat et que les différents ministres prennent leurs responsabilités et fassent ce qu'ils n'ont pas fait depuis trois ans."

Les ministres de l'Industrie ou de la Santé pourraient ainsi être auditionnés : "Certains ministres ont déjà été auditionnés dans le cadre de ce rapport d'information et d'autres le seront encore dans le cadre de la commission d'enquête, j'en suis certaine", promet la sénatrice écologiste.

"Pas question de laisser les intérêts économiques primer sur la sécurité sanitaire"

Dans son rapport, elle a déjà pointé "certaines défaillances et donc des contrôles spécifiques à faire auprès de Nestlé Waters et en particulier de l'usine Perrier". Elle assure : "Je mobiliserai la ministre pour ça." Car selon elle, "il n'est pas question de laisser les intérêts économiques primer sur la sécurité sanitaire". Cette transparence importante "pour la confiance des consommateurs", "c'est aussi l'enjeu de cette mission d'information et de la commission d'enquête". Il faut pour elle "faire en sorte que la réglementation française, quand elle existe, soit appliquée par tous, sans aucune exception, quelle que soit la puissance du groupe auquel on appartient".

Concernant la question de l'emploi dans les usines Nestlé, elle est "importante, il faut à la fois préserver l'emploi, mais il faut le faire dans les règles de l'art de la consommation, en respectant, comme le font d'autres minéraliers, les règles de l'eau minérale naturelle", poursuit la sénatrice.

Antoinette Guhl sera donc membre de la commission d'enquête parlementaire sur Nestlé Waters qui s'ouvrira en janvier. La répartition va se faire "dans les jours à venir ou dans les semaines à venir", pour le moment elle indique qu'elle ne sait pas si elle la présidera.

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