"Ça gratte, c'est comme si on était tombé dans les orties" : face à l'invasion des chenilles processionnaires, les mésanges appelées à la rescousse

L'arrivée du printemps signe aussi celle des chenilles processionnaires, qui se développent à cause du réchauffement climatique. Certaines mairies font appel aux mésanges pour les repousser.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une chenille processionnaire, le 17 février 2024, à Freneuse (Seine-Maritime). (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Mercredi 20 mars, c'est le printemps ! Et avec lui, dans les prochaines semaines, l'arrivée des chenilles processionnaires du chêne, moins connues que celles du pin mais tout aussi problématiques. Elles aussi gagnent du terrain à cause du réchauffement climatique et colonisent chaque année de nouveaux départements. L'Oise, par exemple, n'est plus épargnée.

Tess s'est installée il y a cinq ans dans sa maison, en lisière de la forêt de Compiègne et ses nombreux chênes. Rien à signaler jusqu'au printemps 2022. "Tout le monde avait des boutons, comme de l'urticaire. Ça gratte, c'est énorme, comme si on était tombé dans les orties", décrit-elle. Des symptômes provoqués par les poils urticants des chenilles processionnaires disséminés dans l'air.

"Ce n'est pas agréable du tout. En plus, on ne les voit pas, c'est totalement volatil."

Tess, habitante près de Compiègne

à franceinfo

Depuis, l'insecte progresse et se rapproche de la ville. Des cocons ont été aperçus dans une zone industrielle où nous retrouvons Karine Gelper, directrice du patrimoine vert de Compiègne. "C'est la troisième année où on doit faire face à ce type d'invasion, observe-t-elle. Les deux premières années, on est intervenu en curatif, c'est-à-dire qu'on est venu faire un traitement bio, le moins invasif possible, voire une coupe des branches les plus touchées. L'objectif de cette année, c'était de trouver une solution préventive pour éviter ces traitements."

"Limiter le risque sanitaire"

La mairie fait donc appel aux mésanges, oiseaux prédateurs de la chenille processionnaire. Une famille peut en ingurgiter 500 par jour, d'où les petits nichoirs en bois installés sur les arbres. "De par le diamètre de l'orifice, le nichoir est plutôt destiné aux mésanges, ajoute-t-elle. Il y a une quinzaine de nichoirs ici, sur l'alignement d'arbres. Au pied des arbres, on a des arbustes, des plantes vivaces, pour avoir au maximum un milieu favorable à la mésange."

Solution utile, mais pas miraculeuse, commente Anne-Sophie Brinquin. Avec le réchauffement climatique, il y aura de toute façon davantage de chenilles, prévient cette chercheuse en entomologie à l'Inrae (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement). "On ne va pas pouvoir stopper cette progression, mais l'idée va être de limiter le risque sanitaire, notamment en combinant différentes méthodes de lutte qui visent différents stades de développement de l'insecte. C'est la manière que l'on conseille."

Ajouter donc aux mésanges, par exemple, un traitement bactérien pulvérisé sur les feuilles. Une fois ingérées, ces bactéries s'attaquent aux intestins des chenilles et permettent de s'en débarrasser.

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