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Déclaration des nanomatériaux : "Clairement, les entreprises ne font pas correctement leur travail", dénonce l'Anses

Chaque année, les industriels doivent déclarer les nanomatériaux, présents dans de nombreux produits. Mais sur les 52 000 déclarations de nanomatériaux analysées par l'Anses, seuls 10% seulement "renseignent correctement leur usage".

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Le siège de l'Anses, le 3 septembre 2019. Photo d'illustration. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail publie mardi 1er décembre un bilan des déclarations des nanomatériaux que les industriels sont obligés de faire tous les ans depuis 2013, et alerte sur le fait que, sur les 52 000 déclarations analysées, "90% des données de caractérisation des nanomatériaux telles que la taille, la surface spécifique, la charge de surface ne sont pas exploitables et 10% seulement renseignent correctement leur usage".

"Clairement, les entreprises ne font pas correctement leur travail", commente sur franceinfo Olivier Merkal, le chef de l'unité d'évaluation des risques à l'Anses, qui pointe la difficulté de savoir, alors, si ces nanomatériaux sont dangereux pour notre santé ou non.

Une traçabilité afin d'évaluer les risques

Les nanomatériaux sont présents dans de nombreux produits du quotidien, tels que les crèmes solaires, les textiles, les aliments, les peintures, etc., et sont donc utilisés dans des secteurs industriels aussi divers que le bâtiment, l'automobile, l'emballage, l'agro-alimentaire, les produits cosmétiques ou encore les produits de santé.

"Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'à un moment donné on perd leur trace, et on a besoin de cette traçabilité pour connaître les substances, savoir où elles sont pour évidemment évaluer les risques", explique le chef d'unité.

"Il y a encore beaucoup d'incertitudes qui entourent les risques que ces substances pourraient faire encourir aux personnes qui les manipulent mais aussi aux consommateurs."

Olivier Merkal, le chef de l'unité d'évaluation des risques à l'Anses

à franceinfo

Dans un communiqué publié mardi, l'Anses souligne "l'importance de mettre un terme aux dérogations accordées et de rendre la déclaration plus exigeante en matière d'information à renseigner". Par ailleurs, "un système de contrôle de la qualité et de la pertinence des données enregistrées mériterait également d'être envisagé."

L'Agence d'évaluation sanitaire recommande aussi d'élargir les critères de déclaration des nanomatériaux tout d'abord en obligeant davantage d'acteurs de la chaîne à s'y contraindre, du premier metteur sur le marché au distributeur et aux consommateurs, puis en diminuant la taille minimale de déclaration, enfin en exigeant des informations complémentaires, comme "le nombre de travailleurs potentiellement exposés aux nanomatériaux et les quantités déployées par type d'usage."

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