Epidémie de fièvre charbonneuse en France
Les premiers cas de fièvre charbonneuse chez l'animal ont été observés à Montgardin, à une quinzaine de kilomètres à l'est de Gap, où six vaches ont été retrouvées mortes le 28 juin dernier. En deux mois, la maladie s'est étendue à 13 communes, sur lesquelles les autorités sanitaires recensent 23 foyers distincts. Pour l’heure, 50 animaux (bovins, ovins et équidés) sont morts dans 28 exploitations différentes du département des Hautes-Alpes.
Des mesures pour éviter la propagation
Dès qu'un foyer est confirmé, la préfecture "prescrit la vaccination de tous les animaux concernés" indique Serge Cavalli, directeur adjoint à la Direction départementale de protection des populations. Des "mesures de blocage de l'exploitation" d'au moins 21 jours sont prises, "le temps d'acquisition de l'immunité vaccinale et de la réalisation des opérations de nettoyage et de désinfection", ajoute le responsable. Le lait collecté doit être pasteurisé et détruit. Si les antibiotiques fonctionnent, le vaccin est le moyen le plus efficace pour limiter la propagation. Mais les vétérinaires font face à une pénurie temporaire, le laboratoire espagnol qui les produit étant fermé au mois d'août, et traitent en priorité les troupeaux infectés et les exploitations limitrophes.
Une mort foudroyante
Provoquée par la bactérie "bacillus anthracis", la maladie cause une mort foudroyante chez les bovins, souvent en moins de 24 heures. L'animal présente notamment un gonflement abdominal et des hémorragies au niveau des orifices naturels. La maladie est rare mais non exceptionnelle. Depuis 1999, plus d'une centaine de foyers ont été enregistrés en France, de 0 à 10 par an en moyenne, davantage durant les étés chauds qui suivent des périodes de pluies abondantes. En 2008, 23 foyers avaient été enregistrés, dont 21 dans le Doubs, et 21 l'année suivante, dont 17 en Savoie. Le dernier cas connu dans les Hautes-Alpes remontait à 1992.
Une bactérie potentiellement mortelle pour l'homme
Également appelée charbon, en raison des escarres noirâtres qu'elle provoque, cette zoonose (maladie animale transmissible à l'homme) est connue de longue date. Il est possible d’être infecté par inhalation ou ingestion à la suite d'un contact avec des animaux infectés ou des produits d'origine animale contaminés, ou après une piqûre d'insecte. Sur la peau, la maladie peut provoquer une septicémie, associée à une fièvre élevée. Elle sera plus mortelle au niveau des poumons ou des intestins.
Les cas de transmission à l'être humain sont toutefois "extrêmement rares et aucun malade n'a été observé à ce jour" dans les Hautes-Alpes, rassure le docteur Christine Ortmans, responsable du service de veille et sécurité sanitaire à l'Agence régionale de santé (ARS). La transmission entre deux personnes n'a par ailleurs jamais été observée, relève le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, qui précise que chez l'homme la contamination est principalement due au contact ou à l'ingestion d'animaux infectés.
Prise en charge rapide des personnes à risque
Dans les Hautes-Alpes, 103 personnes entrées "potentiellement en contact" avec la maladie ont été recensées par l'ARS, notamment du personnel d'une entreprise d'équarrissage, des éleveurs ou des vétérinaires. La moitié bénéficie d'un traitement antibiotique préventif allant de 10 à 35 jours selon le type d'exposition. La forme cutanée de la fièvre charbonneuse, de loin la plus fréquente, est rarement mortelle lorsqu'elle est traitée avec les antibiotiques. Les experts de l'ARS ont par ailleurs réalisé des contrôles sur les captages d'eau des communes concernées. Ils se sont révélés négatifs.
Une bactérie très résistante
La bactérie à l'origine de la maladie peut survivre longtemps - sous forme de spores - dans les terres où ont été enterrés des animaux malades morts. Des sols appelés "champs maudits", non cartographiés dans le département, ce qui rend difficile de prévoir l'apparition de nouveaux cas. Bacillus anthracis, qui produit lors de sa multiplication une puissante toxine, appartient à la liste des agents pathogènes susceptibles d’être utilisés dans des attaques terroristes. Une semaine après les attentats du 11 septembre 2001, plusieurs médias et élus américains avaient ainsi reçu une enveloppe contaminée.
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