Le chercheur dont l'étude réhabilite la consommation de viande rouge accusé de conflit d'intérêts
Bradley Johnston a dirigé en 2016 une étude contredisant les appels à manger moins de sucre. La recherche avait été payée par un lobby de l'agrobusiness comptant McDonald's, Coco-Cola et PepsiCo parmi ses membres.
Un oubli problématique. Le chercheur principal d'une étude publiée le 1er octobre, remettant en cause la nocivité de la consommation trop importante de viande rouge, a omis de mentionner ses liens passés à un groupe scientifique financé par des géants de l'agroalimentaire, révèle le New York Times (en anglais), vendredi 4 octobre.
Dans le formulaire envoyé à la revue Annals of Internal Medecine, qui a publié cette étude relayée par plusieurs médias dont franceinfo, le scientifique de l'université Dalhousie, à Halifax (Nouvelle-Ecosse, Canada), a déclaré n'avoir aucun conflit d'intérêts à signaler sur les trois années passées.
Il affirme que la loi a été respectée
Or, Bradley Johnston avait dirigé en 2016 une étude –déjà discutable– contestant les risques d'une surconsommation de sucre. Ces travaux avaient été financés par l'International Life Sciences Institute (ILSI), un institut financé par les entreprises les plus puissantes du monde comme McDonalds, Coca-Cola, PepsiCo ou encore Cargill, l'un des plus gros transformateurs de bœuf en Amérique du Nord, rappelle le HuffPost.
Bradley Johnston s'est défendu en rappelant qu'il respectait la loi puisque cette dernière oblige à déclarer tout conflit d'intérêts sous les trois ans précédant la publication d'une étude, mais il n'a reçu l'argent de l'institut qu'en 2015 et n'est donc légalement pas tenu de déclarer cette activité passée.
La revue scientifique soutient le chercheur
Toutefois, cette information vient semer le doute sur une étude déjà largement contestée. D'autant plus que l'ILSI a plusieurs fois été accusée par l'OMS de contredire ses recommandations en matière de santé publique afin de favoriser les intérêts de ses puissants financeurs, rappelle le New York Times.
La rédactrice en chef du Annals of Internal Medecine a apporté son soutien à Bradley Johnston et a précisé que la publication ne vérifiait pas les déclarations des scientifiques, et se basait sur la confiance. "Nous laissons les auteurs faire leurs déclarations", a-t-elle précisé. "Beaucoup de personnes qui critiquent ces articles ont beaucoup de conflits d'intérêts dont ils ne parlent pas (...) Ils organisent des ateliers sur les régimes à base de plantes, font des retraites sur le bien-être et écrivent des livres sur les régimes à base de plantes. Il y a des conflits des deux côtés."
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