Neuf millions de Français victimes de nuisances sonores : "Au fur et à mesure, on perd de l'audition"
La dernière étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) estime que le stress, les dépressions, les maladies provoquées par le bruit en France, entrainent des dépenses allant jusqu'à 156 milliards d'euros chaque année.
Les chantiers, les routes, les aéroports, le voisinage... Tous sont des facteurs de nuisances sonores quotidiennes qui ont un impact négatif sur les Français. Ils coûtent 156 milliards d'euros chaque année en France, selon le dernier rapport de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME).
Plus de neuf millions de personnes sont concernées en France, et subissent du stress, des dépressions, voire des maladies cardio-vasculaires à cause du bruit. "Il suffit de rester cinq minutes ici, c'est insupportable, constate Yohann, ouvrier sur un chantier de démolition. Il se protège en vain des tractopelles et des marteaux-piqueurs grâce à son casque antibruit, mais "on se rend bien compte qu'on perd de l'audition, au fur et à mesure du temps." Sans compter les migraines ou l’hypertension qui peuvent pousser certains à se mettre en arrêt maladie.
Les transports, principal problème sonore
Mais ce sont les transports qui causent le plus de pollution sonore et donc qui coûtent le plus cher en soins médicaux. "Moi j'ai du double vitrage, mais on entend quand même le bruit, constate Razika, qui a une vue plongeante sur le périphérique parisien. Surtout la nuit ! On se réveille le matin, on n'est pas bien et on arrive au boulot, on n'est pas en forme."
Les urbains ne sont pas les seuls concernés. Jean-Paul habite en campagne, en Saône-et-Loire. Il croyait être au calme jusqu'à ce qu'un circuit de voitures et de motos soit construit à côté de chez lui.
"J'entendais tourner le circuit dans mes rêves."
Jean-Paulà franceinfo
"Je suis devenu quelqu'un de très nerveux, de très agressif. J'ai des anxiétés la nuit dues à ça. On a consulté des médecins. Leur solution : déménager." La maison de Jean-Paul a perdu 40 % de sa valeur. Une dépréciation immobilière prise en compte dans l'étude de l'ADEME. Tout comme les hospitalisations, les traitements, pour dépressions notamment.
Le bruit routier représente 52% des coûts calculés par l'ADEME. Le bruit aérien 9% et le bruit ferroviaire 7%. Au total : 106 milliards d’euros sont dépensés à cause de la pollution sonore liée aux transports.
Le bruit de voisinage a un coût social de 26,3 milliards d’euros par an (même si l'ADEME reconnaît que les connaissances en matière d'impact sanitaire et économique du bruit dans le voisinage sont encore limitées). Enfin, le bruit dans le milieu du travail coûte 21 milliards d’euros par an.
Réduire la vitesse des voitures, améliorer la qualité des bâtiments
Pour calculer ces 156 milliards d'euros, en forte hausse par rapport à la dernière étude en 2016 (57 milliards), l'ADEME a affiné sa méthodologie et a pris en compte de nouveaux facteurs. Les experts proposent quatre exemples de réduction du bruit et de pollution : la réduction de la vitesse sur les voies rapides ; le développement des ZFE (zones à faibles émissions) ; l'amélioration de la qualité acoustique des bâtiments scolaires et l'application d'une charte "chantier à faible nuisance".
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