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Pollution de l'air, eau potable, gestion des déchets… Six chiffres alarmants à retenir du rapport de l'ONU sur l'environnement

Les dégâts provoqués par l'activité humaine sur l'environnement et la biodiversité ont de lourdes conséquences pour l'humanité, en termes de santé notamment.

Article rédigé par franceinfo
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Vue d'Ivry-sur-Seine (Val de Marne), en janvier 2019. (MANUEL COHEN / AFP)

Un quart des morts prématurées et des maladies à travers le monde sont liées aux pollutions et aux atteintes à l'environnement causées par l'humain. C'est ce qu'a signalé l'ONU, mercredi 13 mars, dans un rapport sur l'état de la planète (PDF). Quelque 250 scientifiques de 70 pays ont travaillé pendant six ans, avec des centaines de sources de données pour évaluer l'impact de l'environnement sur une centaine de maladies et compiler une série d'urgences sanitaires. Que disent-ils ? Franceinfo vous résume six chiffres marquants.

La pollution fait 9 millions de morts

Les conditions environnementales sont responsables "d'environ 25% des morts et maladies mondiales", selon le rapport de l'ONU. Ce qui représente, pour l'année 2015, environ neuf millions de morts liées aux pollutions environnementales. En tête des nuisances, "la pollution de l'air extérieur et domestique, mais aussi celle de l'eau". Les effets sur la santé sont plus importants chez les personnes "vulnérables ou défavorisées du fait de leur âge (enfants et personnes âgées), de leur mauvais état de santé, de leur pauvreté et de leur origine ethnique".

"L'état général de l'environnement mondial n'a cessé de se détériorer" depuis 1997 date de la première édition du rapport Geo (Global Environment Outlook). Ceci "en dépit des efforts en matière de politique environnementale déployés dans l'ensemble des pays et des régions". Ces efforts "sont contrecarrés par toute une série de facteurs, en particulier des modes de production et de consommation non durables rencontrés dans la plupart des pays, aggravés par les changements climatiques", résument les auteurs du rapport.

Des actions urgentes et d'une ampleur sans précédent sont nécessaires pour arrêter et inverser la situation.

Le rapport de l'ONU

sur l'état de la planète

"Les politiques doivent devenir plus ambitieuses et plus efficaces, et inclure des modes de consommation et de production durables, une utilisation plus rationnelle et une meilleure gestion des ressources, la gestion intégrée des écosystèmes, et la gestion et la prévention intégrées des déchets", recommandent les auteurs.

La pollution de l'air fait 6 à 7 millions de morts

Le rapport Geo estime que la pollution atmosphérique cause 6 à 7 millions de morts prématurées, chaque année. C'est donc le "principal facteur de morbidité". Dans le détail, "les citadins des pays connaissant une urbanisation rapide sont les plus exposés à la pollution atmosphérique". Mais aussi "les quelque 3 milliards de personnes qui doivent utiliser des combustibles tels que le bois, le charbon, les résidus de récolte, la bouse ou le pétrole lampant pour faire la cuisine, se chauffer et s'éclairer".

On s'attend à ce que la pollution atmosphérique continue de contribuer à des millions de décès prématurés au cours des prochaines décennies.

Le rapport de l'ONU

sur l'état de la planète

Comment inverser cette tendance ? Par "des investissements dans l'accès à l'énergie, une intensification de la conception et de l'application d'améliorations de l'efficacité énergétique, des changements de mode de vie, une introduction plus rapide de technologies à faible émission de carbone", listent les auteurs de cette étude. A ces pistes s'ajoute "l'élimination accrue des émissions de gaz à effet de serre dues à l'exploitation des terres".

Le manque d'eau potable fait 1,4 million de morts

Faute d'accès à l'eau potable, 1,4 million de personnes meurent chaque année de maladies évitables, comme des diarrhées ou des parasites liés à des eaux contaminées. Les produits chimiques évacués en mer provoquent des effets négatifs sur la santé "potentiellement sur plusieurs générations". Dans la plupart des régions du monde, "la qualité de l'eau s'est considérablement détériorée depuis 1990". En cause, "la pollution organique et chimique" causée par des "agents pathogènes, nutriments, pesticides, sédiments, métaux lourds, déchets plastiques et microplastiques, polluants organiques persistants, sels". En outre, environ 2,3 milliards de personnes, soit un tiers des habitants de la planète "n'ont toujours pas accès à des services d'assainissement fiables".

L'eau tient par ailleurs un "rôle essentiel", "puisque des bactéries résistantes aux antimicrobiens sont maintenant présentes dans les sources d'eau potable traitée dans le monde entier". "Des bactéries résistantes aux antimicrobiens sont maintenant présentes dans les sources d'eau potable traitée dans le monde entier, du fait des antibiotiques introduits dans le cycle de l'eau par les eaux usées domestiques, les effluents industriels, l'agriculture, l'élevage intensif de bétail et l'aquaculture", détaille le rapport.

Par conséquent, les maladies humaines dues à des infections résistantes aux antibiotiques "pourraient devenir la principale cause de décès liés aux maladies infectieuses dans le monde d'ici 2050".

Les populations d'espèces vertébrées ont diminué de 60%

Pour l'ONU, nous connaissons actuellement "un épisode majeur d'extinction d'espèces compromettant l'intégrité planétaire et la capacité de la Terre à répondre aux besoins des êtres humains". A l'heure actuelle, 42% des invertébrés terrestres, 34% des invertébrés d'eau douce et 25% des invertébrés marins sont considérés comme étant en danger d'extinction. Entre 1970 et 2014, l'abondance des populations mondiales d'espèces de vertébrés a diminué de 60% en moyenne. A cela s'ajoute le "déclin abrupt de l'abondance des pollinisateurs".

Les populations de vertébrés et invertébrés sont soumis à diverses "pressions critiques" dues à l'activité humaine : "l'altération, la régression et la dégradation des habitats ; les pratiques agricoles non durables ; la propagation des espèces exotiques envahissantes ; la pollution, y compris par les microplastiques ; la surexploitation, y compris l'abattage illégal du bois et le commerce illicite d'espèces sauvages".

Dans son rapport, l'ONU rappelle que la biodiversité "contribue à réguler le climat, épure l'air et l'eau, permet la formation des sols et atténue l'impact des catastrophes naturelles". Elle procure en outre "du bois, du poisson, des récoltes, des services de pollinisation, des possibilités en matière d'écotourisme, des médicaments et des bienfaits pour la santé physique et mentale". Par ailleurs, certaines maladies, dites zoonoses, touchent la faune mais peuvent également contaminer les humains. "On estime que les zoonoses représentent plus de 60% des maladies infectieuses humaines", souligne le rapport.

Huit millions de tonnes de déchets plastiques déversées dans les océans chaque année

"On trouve maintenant des déchets marins, y compris des plastiques et des microplastiques, dans tous les océans et à toutes les profondeurs", affirme le rapport Geo. "Les apports de déchets plastiques dans le milieu marin, liés à la mauvaise gestion des déchets domestiques dans les zones côtières, s'élèvent à environ 8 millions de tonnes par an", précisent les auteurs.

Leur impact écologique est multiple : les espèces marines peuvent s'y emmêler ou les avaler et ces déchets peuvent "servir de vecteurs pour le transport d'espèces exotiques envahissantes et d'autres polluants". Les engins de pêche "abandonnés, perdus ou rejetés constituent une source importante de détritus marins", ajoute le rapport.

Il n'existe pas d'accord mondial qui aborde la question des déchets marins et des microplastiques d'une manière globale et intégrée.

Le rapport de l'ONU

sur l'état de la planète

Les solutions à long terme comprennent "une meilleure gouvernance" et "des changements comportementaux et systémiques". Le nettoyage des côtes et des plages "peut apporter des avantages environnementaux, sociaux et économiques (...) mais ces efforts ne doivent pas détourner l'attention des mesures visant à empêcher que les déchets n'atteignent l'océan".

Deux personnes sur cinq n'ont pas accès à un système de gestion des déchets

Gaspillage alimentaire, déchets d'équipements électriques et électroniques,  déchets marins, trafic de déchets, criminalité… Si "les pays développés ont mis en place des politiques visant à promouvoir la réduction des déchets", beaucoup de pays, notamment en développement, "continuent de se heurter à des problèmes de gestion fondamentaux, tels que la mise en décharge sauvage, le brûlage à l'air libre et un accès inadéquat aux services".

Ainsi, deux personnes sur cinq "n'ont pas accès à des services d'élimination contrôlée des déchets". Comment y remédier ? Par exemple, avec des "politiques saines de comptabilisation des ressources et de gestion des déchets" intégrées à une "économie circulaire englobant la réduction, la réutilisation, la remanufacture et la remise en état des produits".

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