Procès Roundup : la justice américaine rabaisse l’amende de Monsanto à 78 millions de dollars
La baisse est drastique. Le 10 août dernier, la justice américaine a considéré que le paysan Dewayne Johnson, qui avait pulvérisé du Roundup et du RangerPro (sa version professionnelle) pendant deux ans, a développé un lymphome non hodgkinien à cause de ces désherbants. Elle condamnait donc Monsanto, qui les commercialise, à lui verser 289 millions de dollars. Le 23 octobre néanmoins, la justice a réduit cette somme à 78 millions. Suzanne Bolanos, la juge en charge de l’affaire, estime en effet, qu’au vu du dédommagement de 39 millions de dollars accordé au paysan au titre des ses préjudices moraux et économiques, il n’est pas possible d’infliger à Monsanto une amende au titre de dommages punitifs d’un montant supérieur.
Un verdict maintenu sur le fond
Dewayne Johnson, 46 ans, pulvérise du Roundup et Du RangerPro, tous deux à base de glyphosate, depuis 2012. Il a été diagnostiqué d'un lymphome non hodgkinien, un cancer incurable du système lymphatique, en 2014. En phase terminale, il lui reste moins de deux ans à vivre. Cet été, un jury populaire de San Francisco a estimé que Monsanto avait agi avec "malveillance" en cachant le caractère potentiellement cancérigène du glyphosate. D’après ce jury, les produits utilisés par Dewayne Johnson ont "considérablement" contribué à sa maladie. Un verdict maintenu sur le fond par Suzanne Bolanos.
Le quadragénaire a jusqu'au 7 décembre pour accepter – ou non – cette décision. S'il la refuse, un nouveau procès sera organisé pour fixer un nouveau montant de dommages punitifs. Les avocats du plaignant se sont néanmoins réjouis de voir maintenu le verdict sur le fond, même s’ils pensent "qu'une baisse des dommages punitifs est injustifiée". Ils indiquent pour le moment "réfléchir à leurs options".
Du côté de Bayer, qui a racheté Monsanto, la volonté de faire appel est maintenue. "La décision du tribunal de réduire les dommages punitifs de plus de 200 millions de dollars est un pas dans la bonne direction, mais nous pensons toujours que le verdict de responsabilité et l'octroi de dommages et intérêts ne sont pas étayés par les éléments du procès ou le droit", écrit Bayer. La firme continue par ailleurs d'affirmer que son produit est inoffensif, et a déposé une demande de nouveau procès. En cause : des débats qui, selon elle, n’ont ni prouvé de lien de cause à effet entre le cancer et le glyphosate, ni d’acte de "malveillance".
Glyphosate : l’état de la controverse
En 2017, une étude parue dans le Journal of the national cancer institute a été fortement médiatisée. Pendant 20 ans, des chercheurs ont suivi 50.000 agriculteurs, dont 10.000 n’utilisant pas de glyphosate. Ils se sont aperçu que les agriculteurs de la deuxième catégorie n’ont pas déclaré moins de cancers que les autres. Le glyphosate ne serait donc pas plus cancérigène que les autres pesticides.
Pour le moment néanmoins, il n’y a pas de consensus scientifique sur la question, et cette substance est classée "cancérigène probable" par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). A noter par ailleurs : un lien entre pesticides et Parkinson, cancer de la prostate et lymphome non hodgkinien "semble exister", selon l’Inserm.
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