: Reportage "Algues bleues" : dans le Puy-de-Dôme, des scientifiques réussissent à limiter le fléau des cyanobactéries qui prolifèrent l'été
De nombreux plans d'eau, un peu partout en France, sont en ce moment interdits à la baignade à cause de ces "algues bleues", nocives pour notre santé et celles des animaux. Dans le Puy-de-Dôme, les scientifiques sont parvenus à endiguer le phénomène.
En maillot de bain sur la plage, Isidore est prêt. Sa maman lui a promis cet après-midi de piquer une tête dans le lac de la station de Super-Besse (Puy-de-Dôme). "Je comptais me baigner mais finalement on n'a pas le droit, regrette le petit garçon, parce qu'il y a des bactéries dans le lac." Sa mère avait remarqué les filets posés, et l'affichage. "La plage est fermée, mais on profite quand même du sable", assure-t-elle.
Cela fait trois semaines que le lac est fermé à cause des cyanobactéries, surnommées les "algues bleues". Avec les fortes chaleurs du mois de juillet, elles ont proliféré dans le lac. Mais il ne s'agit pas d'algues : ce sont bien des bactéries qui produisent des toxines dangereuses pour les humains et les animaux.
"Là, on a mis des beaux filets bleus donc les gens ne peuvent plus trop passer, explique l'une des surveillantes de baignade, presque désoeuvrée. Après, il y a les chiens. La semaine dernière, il faisait super chaud, les chiens venaient, buvaient de l'eau, donc on faisait beaucoup de prévention par rapport à ça, pour ne pas qu'ils tombent malades." Ingérées en grande quantité, les cyanobactéries peuvent entraîner la mort, notamment des animaux de compagnie.
Le lac d'Aydat épargné grâce à une zone humide
Pourtant, à quelques kilomètres, le lac d'Aydat est épargné : il n'y a aucune restriction, notamment grâce au réaménagement d'une zone humide. "Il faut savoir qu'avant, il y avait des terrains de foot ici, explique Erwan Roussel, ingénieur de recherche à l'université Clermont Auvergne. Depuis 2012, les intercommunalités ont mis en place ces travaux-là et ont restauré la zone humide et restauré ses fonctions auto-épuratrices."
Aujourd'hui, cette zone humide est composée de bassins, de cours d'eau qui serpentent à travers une végétation qui reprend ses droits. "Lorsqu'on regarde, on est en plein cœur de la zone humide, explique Erwan Roussel. On voit vraiment une luxuriance de plantes vraiment diversifiées, avec plusieurs strates arbustives, une mosaïque paysagère. Les oiseaux sont de retour sur cette zone humide."
"Ce sont des écosystèmes qui sont hyper bénéfiques pour accueillir beaucoup d'espèces animales et végétales."
Erwan Roussel, ingénieur de recherche à l'université Clermont Auvergneà franceinfo
De quoi émerveiller les promeneurs. Mais cette zone joue surtout un rôle de filtre en piégeant le phosphore issu des élevages. "Et cette mosaïque paysagère-là, elle vient finalement drainer et filtrer l'eau en retirant les éléments nutritifs surchargés, poursuit l'ingénieur. Et finalement, à la sortie de cette zone humide, on retrouve une eau un peu plus filtrée, un peu plus propre, qui se déverse dans le lac."
D'ailleurs, le lac d'Aydat n'a pas connu d'alerte aux cyanobactéries depuis quatre ans.
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