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Tout ce qu'il faut savoir si vous avez vaguement peur de piquer une tête dans de l'eau polluée

Ne buvez pas la tasse, douchez-vous après la baignade et rincez-vous les fosses nasales et les oreilles. Ces conseils devraient vous permettre de rester en bonne santé, même si l'eau dans laquelle vous vous baignez recèle quelques microbes et bactéries un peu louches.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Sur une plage de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), le 26 mai 2017.  (FRANCK FIFE / AFP)

"La mer c'est dégueulasse, les poissons baisent dedans", chante Renaud. Quand bien même la vie sexuelle des poissons n'a pas grand-chose à voir là-dedans, il n'a pas tout à fait tort. La qualité des eaux de baignade s'améliore d'année en année, notamment sur le littoral français, mais des épisodes de pollution peuvent parfois survenir, vous privant d'une trempette estivale pourtant bien méritée. Mais êtes-vous vraiment en danger si vous vous baignez dans une eau considérée comme polluée ? Comment savoir s'il est risqué ou non de piquer une tête ?  

Franceinfo a demandé l'avis de l'homme de la situation, Guillaume Barucq. Médecin généraliste, surfeur depuis l'enfance, blogueur pédago et, depuis 2014, adjoint au maire chargé de l'environnement dans sa ville de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), il est bien placé pour savoir comment l'océan, pollué ou non, a une influence sur la santé des baigneurs.

La pollution augmente les risques d'infection (mais ne vous fera pas pousser un orteil sur le front)

"Il y a quelques années, une rumeur a circulé au sujet d'une surfeuse qui aurait perdu un œil à cause d'une infection attrapée dans l'eau. C'était faux, évidemment, mais cela n'a pas empêché tout le monde de raconter cette histoire", souffle Guillaume Barucq. Dans son cabinet, à deux pas du port, ce Biarrot soigne parfois des bobos survenus dans l'eau. Il tient donc à couper court aux peurs irrationnelles : "Il y a un risque infectieux dans l'eau de mer quel que soit le niveau de pollution. C'est un milieu vivant avec des milliards de microbes par litre d'eau. Si vous vous baignez avec une plaie, elle peut donc s'infecter, explique-t-il. Mais oui, ce risque permanent se trouve démultiplié quand l'eau est polluée."

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Là encore, pas de quoi perdre un œil. "Parmi les cas les plus classiques, on trouve la gastro-entérite attrapée en buvant la tasse, avec les manifestations habituelles : vomissement, nausée, diarrhée." Autre pépin des plages (qui n'a rien à voir avec la pollution) : les otites, notamment externes. "Vous avez de l'eau qui se bloque dans le pavillon de l'oreille et avec la chaleur et l'eau qui y stagne, cela provoque une infection. L'oreille devient alors très douloureuse. On a aussi beaucoup de conjonctivites, des infections de la peau, des sinusites et enfin des infections cutanées ou des plaies infectées." Mais rassurez-vous, poursuit le praticien, si vous êtes en bonne santé et donc pas immuno-déprimé, il y a peu de chance de tomber malade dans l'eau."

La pollution, ce n'est pas juste le taux de caca dans la mer

En matière de qualité des eaux de baignade, les normes européennes sont très strictes. La France, bonne élève, ferme ses plages dès que les prélèvements de l'Agence régionale de santé font état d'un risque de pollution. Ils sont effectués entre 10 et 20 jours avant l’ouverture de la saison puis au minimum deux fois par mois. Problème : seuls deux indicateurs sont observés lors de ces prélèvements. Or, la pollution des eaux de baignade existe sous plusieurs formes. 

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"On ne s'intéresse qu'à deux indicateurs microbiologiques, les Escherichia coli et les entérocoques intestinaux. Ils sont les témoins d'une contamination fécale qu'on retrouve lorsqu'il y a une défaillance des réseaux d'assainissement, par exemple", explique Guillaume Barucq. "Ils n'ont pas été choisis au hasard et nous savons que la quantité de ces bactéries est corrélée à des risques de pathologie dans les eaux de baignades, mais leur absence ne suffit pas à décréter qu'une plage est propre", prévient-il. "Avec ce type de contrôle, on pourrait avoir d'excellentes analyses quand bien même il y aurait eu une marée noire, car on ne mesure pas la pollution chimique."

Toutefois, l'élu à l'environnement de Biarritz assure que les communes réalisent un contrôle visuel, permettant de repérer d'éventuelles mousses ou algues suspectes. "Pour ma part, j'ai demandé à ce que l'on effectue des analyses sur des mousses flottantes... Depuis cette année, nous les analysons et nous serons bientôt capables de dire aux baigneurs s'il s'agit d'une pollution chimique ou naturelle." 

Il existe des moyens très simples de se protéger sans forcément renoncer à la baignade

Si vous voulez être sûr de ne pas tomber malade, inutile de se baigner vêtu d'un équipement de scaphandrier. Il suffit d'adopter quelques mesures simples : "Si vous savez que l'eau est polluée, il faudra bien se doucher en sortant, et surtout bien rincer les oreilles et les fosses nasales. Et quand vous nagez, faites attention à ne pas boire la tasse" pour éviter au maximum la fameuse gastro. 

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Si vous êtes dans une zone urbaine ou agricole, il faut éviter de se baigner durant les jours qui suivent de fortes pluies, prévient le médecin, pour qui il vaut mieux attendre un à trois jours. "La pluie lessive les sols et emmène les polluants dans l'eau. Cela peut être des pesticides utilisés dans les champs à proximité ou, dans le cas des villes, on se retrouve avec un réseau de traitement des eaux saturées à cause des intempéries." Dans sa ville de Biarritz, explique-t-il, "on sait prévoir à l'heure près la qualité de l'eau. Alors quand, exceptionnellement, nous faisons face à une alerte pollution, nous fermons la plage et pouvons la rouvrir dès que le risque à disparu." 

Aussi, "chaque baigneur apporte avec lui une somme de bactéries. Une personne sur trois a du staphylocoque sur la peau. Alors si vous vous baignez avec 500 personnes sur la plage principale à l'heure de pointe, il y a forcément un échange de microbes qui' s'opère", met en garde Guillaume Barucq. Son conseil : "éviter de se baigner aux heures les plus fréquentées au beau milieu de la foule. Il suffit parfois de se décaler de 15 ou 20 mètres pour se baigner sans tremper dans le pipi et la crème solaire." Car, oui, la crème solaire pollue. Il vaut donc mieux opter pour une crème bio et éviter de toute façon la plage aux heures où le soleil tape le plus fort. 

Même sale, votre plage est sans doute plus propre que dans votre enfance

Ne comptez pas sur quelqu'un qui a passé une bonne partie de sa vie dans l'eau pour vous liguer contre l'océan. "Les bains de mer, c'est très bon, c'est la base de la thalassothérapie", rappelle Guillaume Barucq. "Certaines personnes se baignent toute l'année et sont en très bonne santé." D'ailleurs, "les locaux sont beaucoup plus résistants que les touristes, qui découvrent cette eau."

Pour sa part, le médecin biarrot se félicite de constater que les Français sont de plus en plus exigeants vis-à-vis de la qualité des eaux de baignade.

"Sur les dix dernières années, la situation a globalement évolué favorablement : avec le durcissement de la réglementation, les collectivités ont dû investir dans les réseaux d'assainissement, les comportements inciviques, comme les dégazages en mer, sont sévèrement punis et donc bien plus rares, etc. Si l'on compare la qualité de l'eau aujourd'hui et celle d'il y a vingt ans, c'est le jour et la nuit. On se baignait sur des plages où des eaux non traitées se déversaient directement dans le milieu. Ce serait inconcevable en 2017."

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Et le médecin de conclure : "La différence, c'est que nous parlons désormais beaucoup de cette pollution. Pas parce qu'il y en a plus qu'avant, mais au contraire parce que nous sommes déterminés à lutter contre elle."

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