7 millions de femmes par an subissent les complications d'avortements à risque
Mauvaises conditions sanitaires, professionnels mal formés, méthodes dangereuses… A l'heure actuelle, les avortements à risque demeurent l'une des principales causes de mortalité maternelle dans le monde. Des études parues dans la revue The Lancet en 2014 les estiment responsables de 8 à 15% des décès de femmes enceintes. Mais si le taux de mortalité lié à ces avortements est en nette baisse depuis deux décennies, combien d’hospitalisations sont encore dues aux complications qu’ils entraînent ?
C'est ce qu'ont voulu savoir les chercheurs de l'Institut de recherche Guttmacher de New York qui publiaient leur résultats le 19 août 2015 dans la revue BJOG (International Journal of Obstetrics & Gynecology). Ces derniers se sont penchés sur les données de vingt-six pays d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie et des Caraïbes, en combinant publications scientifiques et statistiques officielles parues de 2000 à 2013.
Six fois plus d'hospitalisations au Pakistan qu'au Brésil
Ils ont ainsi pu estimer, dans chaque pays, le taux de femmes qui ont eu recours à des traitements médicaux à la suite d’un avortement effectué dans la limite habituellement admise de 22 semaines de gestation.
Leurs analyses révèlent que pour 1.000 femmes âgées de 15 à 44 ans ce taux oscille entre 2,4 au Brésil et 14,6 au Pakistan. En appliquant le taux moyen de 6,9 à l’ensemble des pays en développement, les auteurs évaluent à près de 7 millions le nombre de femmes concernées en 2012.
C’est en Asie que la situation s’est révélée la plus préoccupante avec un taux moyen de 8,2 et une forte disparité entre l’Est asiatique, plus sûr, et l’Asie centrale, région du monde la plus touchée par ce problème.
Des séquelles et des incapacités chroniques
"Nous savions déjà qu’environ 22 millions d’avortements à risque avaient lieu chaque année sur la planète, causant la mort d’au moins 22.000 femmes. Notre étude fournit aujourd'hui de plus amples informations sur celles qui y survivent, mais subissent des complications médicales qui mènent souvent à des séquelles irréversibles et des incapacités chroniques", explique le Dr Susheela Singh, responsable de l’étude. "Ces statistiques ne reflètent qu’une partie du problème, de nombreuses femmes nécessitant des soins n’ayant pas accès aux centres médicaux et n’étant pas inclus dans les statistiques", précise la chercheuse.
Offrir de meilleurs soins médicaux, comme l’accès aux planning familiaux, la contraception ou l’avortement légal et encadré médicalement auraient des bénéfices significatifs pour les femmes, mais aussi pour les systèmes de santé des pays en voie de développement, pour qui la prise en charge de ces complications coûterait chaque année 232 millions de dollars, selon les conclusions de l’étude.
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