Faut-il autoriser en France l'autoconservation des ovocytes pour raison d'âge ?
A 41 ans, Eva est toujours célibataire. Mais, elle n’a pas abandonné son rêve d’avoir des enfants. Pour se donner plus de temps, la jeune femme a congelé ses ovocytes. Elle a pris cette décision, il y a deux ans, après une visite chez son gynécologue. "J’ai compris que soit je faisais un enfant immédiatement, soit je risquais de passer à côté de l’opportunité d’avoir un bébé."
L’autoconservation d’ovocytes dite "de précaution" est interdite en France. Eva s’est donc rendue dans une clinique espagnole. Pour stimuler la fabrication d’ovocytes, elle a suivi un traitement hormonal. Les médecins ont ensuite prélevé des ovules à l’intérieur des ovaires. Les ovocytes sont congelés dans de l’azote liquide à -196 degrés pour une durée indéterminée. "Chaque vitrification coûte entre 2.500 et 3.000 euros. Explique-t-elle. Il faut en faire au moins 2 ou 3 pour avoir suffisamment d’ovocytes pour espérer la réussite d’une fécondation in vitro."
La fertilité chute après 35 ans
Même dans ce cas-là, les médecins ne peuvent pas garantir une grossesse. Une femme de moins de 35 ans, qui congèle 10 ovocytes, a entre 60% et 70% de chances d’avoir un bébé. Après 35 ans, ce chiffre tombe à 30%.
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Autorisée dans plusieurs pays européennes, la pratique divise toujours la communauté scientifique en France. En juin dernier, le Comité Consultatif National d’Ethique a rendu un avis négatif sur sa légalisation. Selon le CCNE, cela augmenterait le nombre de complications liées aux grossesses tardives et les risques de la procédure seraient supérieurs aux bénéfices possibles. Un avis critiqué par le Pr René Frydman, "père scientifique" du premier bébé né par FIV en France. Pour lui, il n'est pas cohérent de mettre ainsi en avant ces risques pour l'auto-conservation d'ovocytes et de les effacer lorsqu'il s'agit du don, qui exige exactement la même procédure. La question devrait être à nouveau débattue en 2018 lors des Etats généraux de la bioéthique.
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