Autisme : un diurétique atténuerait la sévérité de certains troubles
"Ce n'est pas une molécule miracle qui va guérir l'autisme ", prévient tout de suite Yézékiel Ben-Ari, co-auteur de l'étude de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) publiée mardi, portant sur un diurétique qui pourrait atténuer la sévérité des troubles autistiques.
"Mais on s'est aperçu que les enfants qui le prenaient pendant un certain temps étaient plus présents, c'est ce que les parents disent, toute une série de symptomes liés à la communication se sont améliorés ", raconte le chercheur, directeur honoraire de l'Inserm Marseille.
"Les parents disent tous la même chose : il est avec nous, il est davantage présent " (le co-auteur de l'étude)
Il décrit notamment une petit fille qui, sans traitement, ne jouait pas avec ses frères lorsqu'ils s'amusaient dans la voiture en cours de nettoyage, mais qui, une fois sous traitement pouvait rentrer dans la voiture et rigoler avec eux. Ou encore des enfants soudain capables d'aller réciter un poème devant la classe. "Les parents disent tous la même chose : il est avec nous, il est davantage présent ", ajoute Yézékiel Ben-Ari.
Les travaux des chercheurs, qui paraissent cette semaine dans le journal Translational Psychiatry, ont porté sur soixante enfants, âgés de 3 à 11 ans, atteints d'autisme, incluant le syndrome d'Asperger. Les enfants ont reçu par tirage au sort, pendant trois mois, soit le diurétique (1mg de bumétanide par jour), soit un placebo. Ils ont été suivis pendant quatre mois, le dernier ne comportant aucun traitement. L'essai a été réalisé en "double aveugle" (ni les médecins, ni les patients ne savent qui reçoit le traitement, attribué par tirage au sort).
Le diurétique réduit la quantité de chlore dans le cerveau
"Ce que fait un diurétique c'est agir sur les transporteurs de chlore, il est utilisé depuis 40 ans dans le traitement de l'hypertension et des œdèmes cérébraux ", explique le chercheur. "Nous avons montré que dans certaines pathologies, notamment les épilepsies, la quantité de chlore dans le cerveau est élevée, par conséquent si on peut réduire cette quantité de chlore avec un diurétique on peut bloquer certaines activités abérrantes ou paradoxales ", poursuit-il. Il s'agit du même raisonnement pour l'autisme.
Et pour déterminer la population concernée par cet éventuel traitement, les chercheurs ont déposé une demande d'autorisation pour faire un essai dans plusieurs centres à l'échelle européenne. À terme, il faudra ensuite obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM). "Pas avant fin 2015 ", pense le chercheur.
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