"J'ai décidé d'offrir la mort à mon fils" : l'interview d'une femme expliquant pourquoi elle a tué son enfant lourdement handicapé choque les internautes
En 1987, Anne Ratier a donné la mort à son fils de 3 ans, dans un état végétatif. Trente-deux ans après ce meurtre par prédémitation, elle justifie ce geste dans un livre.
Un témoignage dérangeant. Une vidéo, mise en ligne lundi 4 mars sur le compte Twitter de Konbini, est au cœur d'une vive polémique sur les réseaux sociaux. Dans un entretien avec le journaliste Hugo Clément, une femme explique pourquoi elle a donné la mort en 1987 à son fils de 3 ans, lourdement handicapé depuis la naissance. "Je m'appelle Anne Ratier, et je vais vous expliquer pourquoi j'ai décidé d'offrir la mort à mon fils, Frédéric", annonce celle qui vient de publier un livre-témoignage sur son acte, en guise d'introduction.
En 1987, Anne Ratier a donné la mort à son fils de 3 ans, lourdement handicapé depuis la naissance.
— Konbini news (@konbininews) 4 mars 2019
Aujourd’hui, elle dévoile son secret dans un livre et explique son geste à @hugoclement. pic.twitter.com/wke6R7EQid
Dès la naissance, "le manque d'oxygène avait détruit en grande partie le cerveau", raconte-t-elle, en précisant que son enfant ne pouvait ensuite ni marcher, ni se tenir droit. Il n'avait aucun espoir d'amélioration, assure-t-elle. Trois ans après sa naissance, Anne Ratier explique avoir vidé "tout le tube de neuroleptiques" dans lequel elle a mis un peu de lait pour les faire ingérer à son fils. L'enfant tombe dans le coma et meurt trois jours plus tard. "Je devais déclarer forfait", explique-t-elle pour justifier son geste.
Des faits prescrits ?
Cette séquence de six minutes a été vivement commentée sur les réseaux sociaux, certains internautes s'indignant de ce témoignage. "Est-ce légitime de tuer un enfant handicapé dans un état végétatif ?" s'interroge ainsi une femme, qui se dit "choquée" et "partagée". D'autres accusent le journaliste de "complaisance", d'encourager "l'eugénisme" ou encore de faire une "apologie du crime".
Je suis choquée. Je suis aussi partagée. Elle en parle avec bcp de calme et sans froid.
— Pauline the Sagittarius (@mantratoi) 4 mars 2019
Je suis décontenancée. Est ce légitime de tuer un enfant handicapé dans un état végétatif ?
Non mais est ce une vie de laisser les autres souffrir atrocement ?
Vous n'en savez rien? Vous sous sous-entendez que le tuer serait une option possible? Votre vidéo plus ce commentaire lamentable ne sont rien de plus qu'une apologie du crime.
— nevermind (@Rababatoun) 5 mars 2019
Complaisance très choquante. L’interview sonne comme une autorisation. Non une telle situation ne met pas « au-dessus » de la loi.
— Thierry Baubet (@TBaubet) 4 mars 2019
Heu... Vive l'eugénisme c'est ça ??? C'est quoi cette horreur ! Je suis autiste et donc concerné par les discours d'eugénisme directement et c'est choquant, écoeurant, je manque de mot pour notifier le dégoût profond de ce type de propos et qu'elle puisse être mise en lumière.
— Angie (@AngiepasBenji) 5 mars 2019
Interpellé, le reporter a réagi aux nombreuses remarques des internautes. "Je n'ai pas d'avis tranché sur l'acte de cette femme. Il est très difficile de se prononcer sans avoir été confronté à cette situation. Je trouve en tout cas sain de pouvoir aborder ce sujet, qui ne doit pas rester tabou", avance ainsi Hugo Clément dans une réponse à un internaute.
Cette dame ne prône pas « l’assassinat des handicapés ». Elle explique pourquoi elle a tué il y a 32 ans son fils tétraplégique et au cerveau détruit. Il s’agit là d’un meurtre avec préméditation. Elle l’assume. Ça peut être choquant, mais ce n’est pas un appel à l’assassinat.
— Hugo Clément (@hugoclement) 5 mars 2019
Un autre point a suscité de nombreuses questions. L'acte commis par cette mère, un meurtre avec préméditation, est-il encore pénalement condamnable ? Dans la vidéo, Hugo Clément assure que le délai de prescription pour ce crime est de trente ans et que les faits remontant désormais à trente-deux ans, Anne Ratier ne devrait pas être inquiétée. Sur Twitter, plusieurs juristes ont pointé les changements de législation sur la prescription depuis 1987. Et quand certains affirment que celle-ci est bien dépassée, d'autres estiment qu'elle pourrait courir jusqu'à 2032, soit trente ans après la majorité de l'enfant. Ce que ne confirment ni le magistrat ni l'avocate contactés par franceinfo.
De son côté, la mère, elle, dit "assumer" son geste et "ne l'avoir jamais regretté", selon le journaliste.
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