Cet article date de plus d'un an.

Témoignage "On peut se sentir vite seule" : Isaline, 13 ans, raconte les difficultés de sa vie d'"enfant aidant" auprès de sa mère

Plus de neuf millions de personnes en France aident un proche, âgé, handicapé ou malade. Une charge lourde qui a parfois des impacts négatifs sur leur vie professionnelle, scolaire mais aussi leur santé physique et mentale. Parmi ces aidants, 500 000 jeunes qui ont moins de 18 ans.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue - Edité par Phéline Leloir-Duault
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Isaline, 13 ans, et Aurélie, 41 ans, sa maman lourdement handicapée à cause d'un caillot sanguin dans le cerveau, dans le salon de leur appartement à Yerres dans l'Essonne. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Chaque soir après le collège, Isaline presse le pas, pour regagner le domicile familial situé à quelques minutes. Dans le salon, l'adolescente retrouve Aurélie, sa maman, recroquevillée dans son lourd fauteuil roulant électrique. "C'est une personne merveilleuse !", lance la jeune fille. Regards, gestes tendres et toujours la même question : "Est-ce que tu as besoin de quelque chose, maman ?" 

>> TEMOIGNAGES. "On n'a plus de vie sociale" : ces "parents aidants" racontent leur épuisement face à la crise du secteur de l’aide à domicile

Isaline est jeune aidante pour sa maman, lourdement handicapée à la suite d'un caillot sanguin dans le cerveau. Son père a quitté leur domicile l'an dernier. Sur les neuf millions d'aidants en France qui s'occupent d'un proche malade ou âgé, 500 000 sont des jeunes de moins de 18 ans. Alors pour la journée nationale des aidants, qui se tient le 6 octobre, le gouvernement lance une série de mesures pour soutenir ces millions de Français qui prennent soin des autres, parfois au détriment d'eux-mêmes.

Car la charge qui pèse sur leurs épaules est conséquente. Pour relayer Isaline auprès de sa maman, des auxiliaires de vie viennent pour la toilette, préparent le repas de midi, font un peu de ménage et s'occupent du coucher du soir, mais Isaline fait le reste : "Faire des courses et à manger pour le soir, car il n'est pas possible d'avoir quelqu'un qui s'en charge, je l'accompagne aux toilettes quand elle a besoin, et aussi il faut éviter de trop sortir", énumère-t-elle.

"Je me sens en décalage"

Le bien-être de sa mère, qu'elle a toujours connue handicapée, passe avant tout. "Pour moi, le plus difficile, c'est de s'organiser entre l'école et après les cours", explique-t-elle. "Quand on fait une liste des choses à faire, beaucoup - même moi - veulent juste se reposer, s'assoir, et faire ce dont on a envie. Par exemple les devoirs : on les repousse à plus tard, puis encore plus tard, et parfois on oublie de les faire."

À 13 ans, Isaline se sent un peu en décalage par rapport aux jeunes de son âge et à ses camarades de classe. "Ça donne des responsabilités et donc on se sent plus mûr", développe-t-elle. "Mais j'ai l'impression de ne pas connaître certains sujets : par exemple, mes amis me parlent d'influenceurs sur les réseaux sociaux, et je ne les connais pas, donc je me sens en décalage."

"On peut se sentir vite seule, en étant que jeune aidante. En vérité, j'ai très peu d'amis, car on oublie de penser à notre vie sociale. Mais ce qui devrait être amélioré selon moi, c'est d'avoir la possibilité de prendre du repos !"

Isaline, jeune aidante de 13 ans

à franceinfo

Un moment pour souffler, c'est une des mesures prises par le gouvernement : Aurore Bergé, la ministre des Solidarités et des Familles, annonce qu'un répit de 15 jours par an sera possible pour chaque aidant avec une prise en charge optimale de la personne accompagnée.

Collégienne et aidante : le témoignage d'Isaline, recueilli par Sandrine Etoa-Andegue

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.