Hausse des tarifs des complémentaires santé : "il y a une augmentation des dépenses de santé", se justifie la Mutualité Française

La hausse des tarifs des complémentaires santé est principalement causée par "une augmentation des dépenses de santé", justifie sur franceinfo mercredi 18 décembre Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française, qui rassemble une bonne partie des mutuelles du pays.

La hausse des tarifs des mutuelles atteindra 5,3% en 2025 pour les particuliers et 7,3% pour les salariés, selon les chiffres révélés mercredi par la Mutualité Française, qui regroupe 38 mutuelles couvrant 18,7 millions de personnes. Une augmentation qui intervient après deux années de hausses consécutives, plus de 4,7% en 2023 et plus de 8,1% en 2024.

Les dépenses de santé ont doublé en 20 ans

La Mutualité Française justifie cette nouvelle hausse par plusieurs facteurs "structurels". Séverine Salgado affirme que "les dépenses de santé ont doublé en 20 ans et elles augmentent deux fois plus vite que la richesse nationale". Cette hausse des dépenses de santé est, entre autres, causée par le "vieillissement de la population" et "une augmentation des pathologies chroniques". "C'est lié aussi à l'innovation", avec "les médicaments, les thérapeutiques qui coûtent de plus en plus cher", liste la directrice générale de la Mutualité Française.

"Et puis c'est lié aussi aux revalorisations des consultations ou des actes des soins médicaux et paramédicaux". À partir de dimanche, la consultation chez le médecin ne coûtera plus 25 euros, mais 30 euros, selon l'accord signé en juin par les syndicats de la profession et l'Assurance maladie.

Autre cause de cette augmentation, la hausse des charges transférées par la Sécurité sociale. "Le ticket modérateur, ce qui reste à la charge du patient, passe de 30 à 40% en dentaire, ça correspond quand même à 500 millions d'euros pour les mutuelles", explique Séverine Salgado.

Une augmentation de 8,1% en 2024

En 2024, l'augmentation des tarifs des mutuelles avait été décriée par un rapport sénatorial. Les sénateurs avaient estimé que la hausse des tarifs des complémentaires santé devait se situer entre "4,5%" et "6,5%". Ils avaient comparé leur estimation avec la direction de la Sécurité sociale du ministère de la Santé. Cette dernière était quasi similaire : "5 à 7%", selon le rapport des sénateurs. Or, la Mutualité Française avait acté une augmentation de 8,1% en 2024.

"Un rapport du ministère de la Santé dit que pour la troisième année consécutive, les remboursements des aides des organismes complémentaires des mutuelles vont augmenter davantage que les cotisations qu'elles ont collectées. Donc, en fait, on a dépensé plus que ce que nous avons gagné pendant trois ans consécutifs", se défend Séverine Salgado. "Sur dix ans, les cotisations des mutuelles augmentent aussi vite ou à peu près aussi vite que les dépenses de santé", ajoute-t-elle.

Face à la grogne et aux interrogations des patients qui doivent payer toujours un peu plus cher leur complémentaire santé, la directrice générale de la Mutualité générale dit comprendre ces sentiments, mais cette nouvelle augmentation "se fait au niveau le plus strictement nécessaire pour qu'on puisse continuer à assurer la protection de nos adhérents", assure-t-elle. Elle appelle "à travailler avec les pouvoirs publics, avec les professionnels de santé, avec les associations de patients, pour voir comment nous pouvons travailler à une modération de ces dépenses, où les soins ne seraient peut-être pas utiles, où des médicaments ne devraient pas être prescrits."