Crise de l'hôpital : près de 4 900 lits d'hospitalisation ont été fermés en 2023, selon la Drees
C'est l'un des symboles de la crise que traverse le secteur de la santé. Dans les hôpitaux publics et privés français, 4 962 lits d'hospitalisation complète (avec nuitée dans l'établissement) ont été supprimés en 2023, selon une étude publiée jeudi 31 octobre par la Direction statistique des ministères sociaux (Drees). Au 31 décembre, les 2 962 hôpitaux publics, privés et privés non lucratifs disposaient de 369 423 lits d'hospitalisation, soit une baisse de -1,3% par rapport à l'année précédente.
Depuis 2013, 43 500 lits ont été fermés, selon le dernier bilan de la Drees, qui confirme "une tendance observée depuis plusieurs années", reflétant d'une part la volonté des pouvoirs publics de "réorganiser" les soins vers plus "d'ambulatoire" (c'est-à-dire sans passer la nuit à l'hôpital) mais aussi les pénuries de personnel, qui ne "permettent pas de maintenir" tous les lits ouverts.
En dix ans, cette baisse de 10,5% du nombre de lits d'hospitalisation complète s'est ainsi accompagnée d'une hausse de 31% des places d'hospitalisation partielle (20 900 places supplémentaires), pour arriver en 2023 à un total de 88 504 places. De même, les capacités de prise en charge en hospitalisation à domicile continuent d'augmenter (+4,1%) pour arriver à 24 100 patients soignés à la maison.
En plein débat sur le budget
La promesse de l'ex-ministre Aurélien Rousseau à l'automne 2023 de "rouvrir plusieurs milliers de lits d'ici la fin de l'année" n'a donc pas été tenue. Si les lits ferment, "ce n'est pas pour des raisons budgétaires", mais en raison du "manque d'attractivité" des métiers du soin, avait-il alors assuré.
Le recul de la capacité d'hospitalisation complète est d'ailleurs "plus rapide" ces quatre dernières années qu'avant la crise sanitaire, d'après la Drees : elle diminuait d'environ 0,9% par an en moyenne sur la période 2013-2019. Le dernier bilan note un recul particulièrement marqué des lits de psychiatrie (-2,4%), principalement dans le secteur public.
Les soignants critiquent régulièrement ces fermetures de lits, qui saturent les services, mettent les équipes sous pression et accentuent les tensions dans les services d'urgences, faisant fuir de plus en plus de professionnels de l'hôpital.
Ces chiffres sont publiés en plein débat parlementaire sur le budget 2025 de la Sécurité sociale dont le gouvernement veut contenir le déficit à 16 milliards d'euros contre 18 milliards en 2024. Quatre syndicats (CGT, FO, Sud et Unsa) ont de leur côté déposé un préavis de grève courant du 4 novembre au 21 décembre pour protester contre ce budget.
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