"Nous ne savons pas à quelle heure est décédée notre maman" : dans un hôpital des Vosges, plusieurs morts inexpliquées et quatre plaintes déposées
Des morts inattendues, et pas d'explication aux causes des décès : quatre plaintes ont été déposées contre l'hôpital de Remiremont (Vosges), dont trois pour homicides involontaires et une pour blessure et mise en danger de la vie d'autrui. Il y a six mois, Irena Rouillon, 59 ans, entre à l'hôpital de Remiremont pour une pancréatite aiguë avec des calculs biliaires. L'hôpital des Vosges rassure son mari, Jean-Bernard, qui voit son état s'aggraver. "Elle commence à devenir jaune et le teint cireux, se souvient-il. Il y a quelque chose qui ne va pas." Deux jours plus tard, en pleine nuit, le médecin l'appelle : "Il me dit : 'Votre femme, c'est terminé'. Le cœur a lâché définitivement, c'est un arrêt cardiaque, fini. C'est un peu un choc quand même." Dans ce dossier, un juge d'instruction a été saisi.
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Plus récemment, il y a deux mois, c'est un patient qui se plaint de douleurs au thorax après une chute. Simple contusion au dos, répond l'hôpital. Plusieurs semaines après, la douleur n'est pas passée. En réalité, l'homme avait dix côtes cassées.
C'est la communication de l'hôpital qui nourrit les soupçons des patients. Martine Souque, 67 ans, entre à l'hôpital pour une fracture du fémur en juillet. Une semaine plus tard, elle décède sur son lit d'hôpital. Personne n'arrive à expliquer aux filles de Martine comment et quand leur mère est morte. "Dans le dossier médical, on a trois heures de décès différentes, explique l'une d'elle. Nous ne savons pas, au moment où l'on vous parle, à quelle heure est décédée notre maman. Elle est confirmée décédée par le Smur interne à 7 heures du matin mais on commence une réanimation à 7h20 et on la dit décédée à 7h51. Après, on retrouve un document dans le dossier où elle est décédée à 8h13 !"
Bientôt une nouvelle plainte
Des questions sans réponse et un mea culpa du directeur de l'hôpital, Dominique Cheveau : "Déjà, il y a un problème de communication. C'est-à-dire que l'hôpital, ses médecins, sa direction, ses services doivent pouvoir répondre aux questions lorsqu'il y a un décès que la famille ne comprend pas. Après, d'un point de vue médical, rien ne nous permet d'analyser une faute quelconque du service public hospitalier."
Une nouvelle plainte doit être déposée prochainement, pour un décès survenu en 2018. La femme de Silvio Zanin entre à l'hôpital, on lui diagnostique une pancréatite aiguë. Elle meurt trois jours plus tard, à 51 ans. Quatre ans après, son mari est toujours sans réponse. "Le médecin qui s'est occupé de ma femme s'est mis à pleurer en me disant : 'Je ne sais pas, je ne sais plus', révèle-t-il. ll était complètement perdu." Silvio Zanin déposera plainte dans les prochains jours par son avocate, qui défend les autres plaignants et souhaite comprendre ce qui s'est passé dans les couloirs de l'hôpital de Remiremont.
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