Reportage Heures d'attente, malades sur des brancards... La promesse d'Emmanuel Macron de "désengorger" les urgences à l'hôpital en 2024 a-t-elle été tenue ?

Le 17 avril 2023, Emmanuel Macron faisait la promesse de désengorger les services d'urgence à l'hôpital d'ici fin 2024. À l'heure du bilan, c'est un constat d'échec : la situation est toujours extrêmement tendue.
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Image d'illustration. Emmanuel Macron avait fait la promesse de désengorger les services d'urgence d'ici fin 2024. (Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

"D’ici la fin de l’année prochaine, nous devrons avoir désengorgé tous nos services d’urgence". C'était la promesse d'Emmanuel Macron faite le 17 avril 2023 lors d'une allocution télévisée : désengorger d'ici la fin de l'année 2024 les services d'urgences. Au 31 décembre, le constat est pourtant sans appel. Cette promesse n'a pas été tenue, les urgences sont toujours engorgées et les soignants doivent souvent bricoler pour tenter d'accueillir les malades.

À la porte du service des urgences d'un hôpital de la région parisienne, on croise Caroline, qui en sort, très affaiblie à cause d'un virus respiratoire, mais aussi exténuée après une longue attente aux urgences. Plus de 7 heures d'attente pour elle.

18h30, plus de 45 patients, les boxes complets

Cela se confirme en entrant dans le bâtiment au cours d'une visite effectuée à l'improviste. Le reportage s'effectue sans avoir demandé d'autorisation de tournage à la direction. Les soignants qui nous font faire le tour des urgences préfèrent ne pas répondre au micro de crainte de sanctions. Ils nous préviennent : il est 18h30 et le service est "archi plein" avec plus de 45 patients. Cela commence à l'entrée avec une douzaine de malades qui patientent en silence.

Puis à l'intérieur du service, d'autres attendent dans le couloir, les box sont tous complets. Un homme de 96 ans a pu être allongé sur un lit, un autre attend depuis la veille, soit plus de 30 heures, faute de place.

Il a même fallu ouvrir le local où sont d'habitude rangés les brancards pour y mettre deux malades. Caroline vient d'y passer plusieurs heures. "Il n'y a pas de sonnette en plus pour appeler... À un moment, j'ai fait un petit malaise, j'appelais et personne ne venait. C'était très stressant", confie-t-elle. 

Pas assez de lits

Et la situation de cet hôpital n'est pas exceptionnelle, assure Pierre Schwob, président du collectif Inter-Urgences, qui alerte sur la situation depuis plus de cinq ans. "C'est comme ça partout, c'est tendu à peu près partout, c'est la vie habituelle des urgences", soutient-il.

Alors, quand on lui demande si cette promesse d'Emmanuel Macron faite en avril 2023 est tenue, sa réponse est cinglante : "Non, très clairement. Ce qui engorge les urgences, ce sont ces patients que l'on ne peut pas hospitaliser et que l'on garde sur ce que l'on appelle le flux. Ces patients bloquent les boxes, car on n’a toujours pas les lits d'aval."

"La responsabilité vient des choix politiques qui ont été faits de fermetures de lits. On a plus de 10 000 lits qui ont fermé ces deux dernières années."

Pierre Schwob

à franceinfo

Moins de lits d'hospitalisation, manque de personnel et des urgences, donc, toujours engorgées pour cette fin d'année 2024... Quant à la création des services d'accès aux soins, ces plateformes téléphoniques qui permettent de rediriger certains patients vers des médecins de ville pour délester les urgences, force est de constater qu'ils n'ont, malheureusement, pas eu l'effet escompté.

Le reportage de Solenne Le Hen dans un hôpital surchargé

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