Départ de Martin Hirsch de l'AP-HP : "On pourrait dire que le capitaine quitte le navire après l'avoir sabordé", accuse l'Usap-CGT
"Il est entré dans la gestion économique de l'hôpital et il en a fait un hôpital-entreprise", dénonce le syndicat qui accuse Martin Hirsch, démissionnaire de son poste de directeur général de l'AP-HP, d'être responsable de la casse de l'hôpital public.
"On pourrait dire que le capitaine quitte le navire après l'avoir sabordé", réagit vendredi 17 juin sur franceinfo Olivier Cammas, responsable de l'Union Syndicale CGT de l'Assistance Publique (Usap-CGT) au sein de l'AP-HP après l'annonce de Martin Hirsch qui a décidé de quitter ses fonctions à la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. "Martin Hirsch a été à la tête de l'AP-HP pendant huit ans, il est donc lui aussi un des fossoyeurs de l'hôpital public à travers les réformes qu'il a faites", dénonce le syndicaliste.
franceinfo : Est-ce que vous êtes surpris par ce départ ?
Olivier Cammas : Les directeurs passent et l'hôpital public trépasse. On n'est pas trop surpris. C'est la teneur de sa lettre. Martin Hirsch a été à la tête de l'AP-HP pendant huit ans, il est donc lui aussi un des fossoyeurs de l'hôpital public à travers les réformes qu'il a faites. Il a dérèglementé le temps de travail, il a cassé un modèle social important qui était celui de l'AP-HP, il a aussi mis en place des fermetures de lits qui ont manqué cruellement pendant la pandémie. Je rappelle la liste des projets de Martin Hirsch : la fermeture des hôpitaux Bichat et Beaujon pour former un seul établissement avec 400 lits et 1 000 emplois en moins. Concernant l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, c'est le projet de fermeture d'un hôpital d'excellence sur le handicap. C'est le démantèlement de l'hôpital Hôtel-Dieu en plein coeur de Paris.
"Il a appliqué la politique de casse du gouvernement Macron - qui a pour objectif de sabrer l'hôpital public - et de celui de François Hollande avant."
Olivier Cammas, responsable de l'Usap-CGT au sein de l'AP-HPà franceinfo
Quelles sont les responsabilités de Martin Hirsch aujourd'hui dans la situation de l'hôpital public ?
Elles sont énormes. Comme haut-fonctionnaire, il a géré des choses qui étaient ingérables. Il aurait dû démissionner il y a maintenant trois ans de cela, quand il y a eu la crise hospitalière et les mouvements sociaux de l'époque. Il n'a pas poussé de cri d'alarme, il a continué. Il a continué sa politique de sape et de sabordage de l'AP-HP. On pourrait dire que le capitaine quitte le navire après l'avoir sabordé.
"Il a préparé l'éclatement de l'AP-HP et maintenant il nous fait croire qu'il n'a pas eu les moyens d'exercer."
Olivier Cammasà franceinfo
Quand monsieur Hirsch sur France Inter dit qu'il ferme la Collégiale [hôpital La Collégiale, à Paris] parce qu'il n'y aurait pas de toilettes dans les chambres, parce que l'hôpital ne serait pas en conformité, il ment et on a démenti via communiqué et vidéo ce qu'il a dit. Il ferme des hôpitaux publics et des services de gériatrie alors qu'on a tous entendu le scandale Orpea quand ça se passe dans le privé.
.@MartinHirsch à propos de la fermeture provisoire de l’hôpital gériatrique de La Collégiale, à Paris. Les représentants du personnel pensent qu'elle est définitive : "On s'est donné jusqu'à fin juin pour regarder ce qu'il en est" #le79Inter pic.twitter.com/sGxNMwhhck
— France Inter (@franceinter) May 30, 2022
Martin Hirsch explique dans sa lettre qu'il n'a pas pu s'engager à bâtir un modèle hospitalier différent de ce qu'il était avant la pandémie, est-ce que selon vous il a essayé de bâtir un nouveau modèle ?
Il est entré dans la gestion économique de l'hôpital et il en a fait un hôpital-entreprise. Quand il a regroupé massivement des hôpitaux dans des gros centres hospitaliers-universitaires en réduisant les coûts et les moyens, en liquidant les agents hospitaliers par exemple dans les services dédiés à l'hygiène ça a été préjudiciable pendant la pandémie. Il n'a pas développé le service public donc on ne peut pas dire qu'il a un autre modèle. Le modèle qu'il prône c'est celui qu'il est en train de faire et donc c'est casser l'hôpital public.
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