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Entre crise des vocations et budgets contraints, le nombre d'aumôniers salariés ne cesse de baisser dans les hôpitaux

Entre 2018 et aujourd'hui, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris a perdu dix aumôniers.

Article rédigé par franceinfo - Willy Moreau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une patiente dans une unité de soins paliatifs. (Photo d'illustration) (VANESSA MEYER / MAXPPP)

C'est un métier dont on parle peu, mais qui fait pourtant partie de la vie des hôpitaux : les aumôniers. Ils rendent visite aux malades, font les prières voire les derniers sacrements. Comme les soignants, ils ont un contrat de travail pour intervenir dans les hôpitaux comme le prévoit la loi, en vertu de la liberté de culte des patients. Mais d'année en année, leur nombre diminue en raison de la crise des vocations, mais aussi des budgets contraints des hôpitaux, car un quart des aumôniers sont payés par les hôpitaux publics. 

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L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) compte par exemple dix aumôniers de moins sur les cinq dernières années. C'est la conséquence de départs à la retraite, selon la direction. Mais surtout, selon les différents cultes, cela témoigne de budgets contraints dans les hôpitaux. C'est ce que constate Thierry, aumônier protestant et salarié depuis six ans : "Quand j'étais chargé de mission pour ouvrir des postes d'aumôniers, je me suis entendu dire à plusieurs reprises : 'En bénévolat oui, mais pour vous salarier, le budget est déjà complet avec les aumôniers existants, donc quand nous aurons un autre aumônier d'un autre culte qui partira, on essaiera de le raboter pour vous donner à vous un 10%, un 15%...'", glisse-t-il.

Enchaîner les temps partiels dans différents hôpitaux

Pour travailler l'équivalent d'un temps plein, Thierry enchaîne les rencontres et les prières auprès des patients dans huit hôpitaux différents de la région parisienne. "C'est 10%, 15%, 20% dans chaque centre hospitalier", raconte-t-il. Des temps partiels à droite et à gauche et des effectifs en baisse pour les protestants ces dernières années avec seulement 150 aumôniers salariés. Il en existe encore moins pour les musulmans : seuls 75 sont rémunérés en France.

Les catholiques sont les plus représentés avec 800 aumôniers rémunérés, mais ils perdent 3 à 4% d'effectifs tous les ans. Selon leur représentant national Costantino Fiore, c'est aussi un effet de la formation obligatoire mise en place depuis six ans. 

"Il faut un diplôme universitaire sur la laïcité et les valeurs de la République. Ce poids de la formation peut décourager certains volontaires, surtout que la reconnaissance au niveau salarial est plutôt limitée. Cela rend le poste de moins en moins attrayant."

Costantino Fiore

à franceinfo

Depuis des années, les cultes demandent une revalorisation de salaire auprès du ministère de la Santé. Le salaire de base se situe autour de 1 700 euros brut pour un temps plein, l'équivalent du salaire d'un agent en catégorie C, la plus basse dans la fonction publique. Selon les derniers chiffres en date, en 2018, le budget global consacré par les hôpitaux aux services d'aumôneries était de 13 millions d'euros.

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