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"Je pense qu'on a fait notre travail comme il faut", réagit un psychiatre de l'hôpital Marchant après la fugue de quatre patients à Toulouse

Le chef du pôle de psychiatrie générale de l'hôpital Gérard Marchant à Toulouse, Radoine Haoui, d'où trois patients ont fugué ces derniers jours, rappelle que "les établissements de psychiatrie ne sont pas des prisons".

Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Occitanie
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'hôpital psychiatrique Gérard-Marchant à Toulouse.  (FRANCEINFO)

Radoine Haoui, chef du pôle de psychiatrie générale à l'hôpital Gérard Marchant à Toulouse, dont trois patients ont fugué en une dizaine de jours, estime au micro de France Bleu Occitanie que les soignant ont "fait [leur] travail comme il faut". Les équipes vont "retravailler les failles s'il y en a", précise-t-il. L'ARS Occitanie a demandé une enquête administrative à la direction de l'hôpital Marchant, après avoir renforcé la sécurité autour du centre de soins. Le quatrième homme, qui s'était enfui vendredi après-midi a, lui, été retrouvé samedi 29 janvier au soir à Paris.


franceinfo : Comment expliquer que trois patients aient pu fuguer de votre établissement ?

Radoine Haoui : J'aimerais rappeler que la psychiatrie n'est pas la discipline des faits divers. C'est une discipline médicale qui soigne des patients, sauve des vies et évite des drames. On a cette attention permanente de concilier les soins et les restrictions des libertés.

"Nos services, et la plupart des établissements autorisés en psychiatrie, ne sont pas des prisons, ce ne sont pas des forteresses."

Radoine Haoui

à France Bleu Occitanie

Pour nous, c'est une douleur de refermer les pavillons, parce que ça a un impact sur nos patients, on a du expliquer pourquoi on a fermé nos pavillons et suspendu les permissions. Les patients ont le sentiment de subir une double, voire une triple peine : déjà du fait de leur maladie, du fait effectivement d'être stigmatisés, et du fait aussi de se retrouver dans cet emballement médiatique. On ne peut pas effectivement méconnaître ça en psychiatrie.


Quelle est la prise en charge de vos patients ?

On a une file active de 15 000 personnes qu'on voit sur l'année. 20% des patients sont hospitalisés, avec des profils différents. Les deux tiers sont en service libre et un tiers est hospitalisé sous contrainte. Bien entendu, quand vous avez des patients qui ont des antécédents criminels et qui ont été jugés irresponsables du fait de leur état clinique, toute la complexité de notre travail, c'est de voir comment on accompagne ces personnes. Ce ne sont pas des personnes condamnées à perpétuité, les troubles psychiatriques s'amendent avec le traitement, et petit à petit, on essaye de travailler quand même la réhabilitation psychosociale, voire leur réinsertion dans la société.


Ce qui nous rend fous, c'est cette injonction paradoxale. On nous demande de soigner les personnes, en nous disant : "attention, il faut garantir leurs droits, leur liberté". Et à la fois, la société nous demande plus de sécurité en disant il faut enfermer les gens.


Quatre fugues en une dizaine de jours dont trois depuis votre hôpital, ça pose la question de défaillances ?

L'inspection de l'ARS pourra déterminer s'il y a eu des manquements. Ceci étant, les trois situations sont complètement différentes. J'ai tendance à dire que l'ensemble des soignants a fait correctement leur travail, un travail encore une fois très complexe. On va faire ce qu'on appelle des retours d'expérience, des revues de mortalité, pour examiner toutes les séquences. Je ne dis pas qu'il ne peut pas y avoir de failles, bien entendu. L'idée, c'est de pouvoir retravailler ces failles s'il y en a. Aujourd'hui, on a décidé de renforcer notre vigilance. Mais dans tous les cas, nous sommes déjà au travail pour essayer d'examiner attentivement chacune de ces situations au peigne fin. Moi, j'aurais tendance aussi à avoir une pensée pour les victimes, je suis quelqu'un qui pense aussi aux personnes qui ont été agressées.

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