L'appel de personnalités pour sauver l’hôpital : "Je ne comprends pas qu'on ne sacralise pas ce joyau", déclare le journaliste Patrick Chêne
108 personnalités ont signé une lettre ouverte pour appeler Emmanuel Macron à sauver l'hôpital public. Parmi eux, le journaliste Patrick Chêne qui souhaite la mise en place d'"un Grand Plan Hôpital".
"Je ne comprends pas qu'on ne sacralise pas ce joyau qu'est l'hôpital public", a déclaré sur franceinfo, le journaliste Patrick Chêne, signataire d'une lettre publiée sur le site change.org et relayée par Le Parisien. En tout, 108 personnalités ont signé cet appel à Emmanuel Macron pour sauver l'hôpital. Patrick Chêne a été soigné pour un cancer et a écrit un livre en 2018, intitulé "Le Stade 2", avec le médecin qui l'avait soigné Michaël Peyromaure.
franceinfo: Qu'est-ce qui vous pousse à lancer cet appel ?
Patrick Chêne: J'ai presque du mal à trouver des arguments, j'ai l'impression d'ouvrir des portes ouvertes, d'ouvrir un robinet d'eau tiède. C'est tellement évident. Quand on voit ce qu'il se passe dans notre vie avec ce joyau qu'est l'hôpital public, je ne comprends pas qu'on ne sacralise pas ce joyau, qu'on ne donne pas les moyens. Je ne comprend pas qu'on ne fasse pas une sorte de grande réflexion sur cet hôpital en rendant le pouvoir aux soignants, en arrêtant de travailler comme si l'hôpital public était une entreprise. J'ai été hospitalisé, j'ai rencontré des gens qui sont en train de se démobiliser et c'est ça surtout qui m'incite à signer cet appel. Le manque de moyen oui, mais la démobilisation surtout ! Ce sont des gens formidables, plein de bienvieillance, qui se découragent et qui partent dans le privé. J'avais entendu un discours du président Macron. Je me suis dit qu'il avait tout compris, il avait exactement défini les maux qui pouvaient ronger l'hôpital mais malheureusement en terme comptable, d'échanges avec le personnel soignant, rien ne se passe. Je voulais mêler modestement ma voix à cet appel. Si on faisait un appel global, 98% des Français seraient derrière nous car c'est un sujet qui ne mérite même pas de discussion.
Quels dysfonctionnements vous avaient le plus frappé à l'époque où vous étiez soigné à l'hôpital ?
Ce qui m'avait gêné c'est que les soignants ont perdu le pouvoir. Peut-être qu'il y a quelques années, "les mandarins" comme on disait, ont dépensé sans compter. J'ai beaucoup discuté avec les aides soignantes et soignants, les infirmières, les internes et les grands patrons. J'ai vu des gens désabusés car les décisions venaient d'en haut. Je donne un seul exemple : la fameuse mutualisation. Vous avez des infirmières, des anesthésistes qui sont dans un service depuis des années. C'est devenu une famille, ils sont experts. Et puis, l'administration décide que finalement on va mutualiser : au lieu d'avoir sept ou dix anesthésistes dans un service, on va faire un pool avec 25 anesthésistes et puis au hasard le matin, sur un tableau, ils vont découvrir avec qui ils travaillent. C'est du bon sens de se dire que si on travaille toujours avec les mêmes personnes, ça se passe mieux ! La preuve : depuis que ce système est mis en place à Cochin, on a davantage d'absentéisme. On gagnerait plus d'argent en gardant des spécialistes.
Qu'en pense le professeur Peyromaure qui vous a soigné ?
J'ai passé des jours entiers à discuter avec lui pour écrire le livre. Quand j'ai vu ses souffrances, son implication, je me suis dit on doit lui donner une tribune. C'est pour cela que j'ai écrit le livre avec lui. Il y a une souffrance qui va déboucher sur des découragements et des défections. Ensuite, dans quelques années on se dira qu'il n'y a plus de personnel. Je suis agacé par ces infirmères qui gagnent 1600€ par mois et qui font un travail exceptionnel ! Il faut que du côté de Bercy, il y ait un Grand Plan Hôpital et qu'on lui donne des moyens. Ce plan avait été évoqué par Emmanuel Macron.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.