Cet article date de plus de quatre ans.

"L'hôpital public s'écroule", alertent 70 directeurs médicaux de l'AP-HP dans une tribune

"Nous ne sommes plus en mesure d'assurer nos missions dans de bonnes conditions de qualité et de sécurité des soins", préviennent ces directeurs médicaux de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dans une tribune publiée mercredi par "Le Monde". 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des soignants manifestent à l'appel des syndicats hospitaliers (CGT-SUD-FO) et du collectif de soignants Inter-Urgences, le 2 juillet 2019 à Paris. (MAXPPP)

L'hôpital public "s'écroule", selon leurs mots. Dans une tribune publiée par Le Monde, mercredi 13 novembre, 70 directeurs médicaux de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) appellent à augmenter le budget alloué à la santé et à revaloriser les salaires des soignants. Ils redoutent, disent-ils, un "point de rupture irréversible".

"Nous vous alertons car (...) nous ne sommes plus en mesure d'assurer nos missions dans de bonnes conditions de qualité et de sécurité des soins", s'alarment les signataires, à la tête des départements médico-universitaires (DMU) récemment créés à l'AP-HP. La publication de cette tribune intervient à la veille d'une journée de mobilisation pour "sauver l'hôpital public".

Des centaines de lits d’hospitalisation de médecine et de chirurgie, des dizaines de salles d’opération à l’hôpital public fermées, et chaque semaine des unités de soin ferment. Les conséquences : des conditions d’accès aux soins dégradées, la qualité et la sécurité des soins sérieusement menacées.

70 directeurs médicaux de l'AP-HP

dans une tribune publiée par "Le Monde"

"Trop peu de recrutements de soignants sont en vue pour espérer un retour à la normale", préviennent les directeurs médicaux. Aux "centaines de postes" budgétisés mais non pourvus s'ajoute la fuite, "plus grave encore", d'infirmiers, d'aides-soignants ou de kinésithérapeutes, entraînant de facto "une surcharge de travail" et "un épuisement" des équipes restantes. En cause, notamment, la "non-revalorisation salariale" des soignants "depuis plusieurs années" et des rémunérations "particulièrement" inadaptées au coût de la vie en région parisienne.

De même, "la fuite des médecins des hôpitaux universitaires met en péril la formation de toute la profession" et "le niveau de la santé en France", s'inquiètent les signataires.

Des "mesures d'urgences" pour éviter "le pire"

Après des années de pression budgétaire et de "réduction progressive des effectifs", ces directeurs médicaux appellent à "réviser à la hausse" l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (l'Ondam, qui sert à limiter leur augmentation naturelle) pour éviter "le pire" demain. Mardi, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui promet un "plan de soutien" courant novembre, a indiqué que des "discussions" étaient "en cours" sur le niveau de l'Ondam.

D'autres "mesures d'urgence" s'imposent, selon les directeurs médicaux qui ont écrit cette tribune. Les signataires évoquent une revalorisation du "salaire des personnels paramédicaux, infirmiers en premier lieu, et des médecins", ou un accès aux logements facilité "à proximité" des hôpitaux. Plus largement, ils appellent à "une refonte complète" du financement de l'hôpital.

Une "grande manifestation" est prévue jeudi à Paris par les syndicats et des collectifs, désireux d'étendre à tout l'hôpital la grève en cours depuis sept mois aux urgences. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.