Pontoise : des infirmières posent nues à la une d'un calendrier pour alerter sur leurs conditions de travail
Afin de dénoncer leurs conditions de travail, des membres du personnel de l'hôpital René-Dubos de Pontoise se mettent à nu dans un calendrier, sorti mi-décembre.
En première page du calendrier, cinq femmes posent nues, photographiées de dos, avec le slogan : "Faut-il que l'on se mette à nu pour que vous vous intéressiez à nous ?" Soutenue par le syndicat Unsa-Santé, l'initiative vient de Pontoise (Val d'Oise) : un groupe d’infirmières, ainsi que des membres du personnel paramédical de l’hôpital René-Dubos, ont publié mi-décembre un calendrier, afin d'alerter sur les difficultés de leur métier.
"À combien évaluez-vous votre vie ?"
L'opération fait un carton. Quelques jours après le lancement du calendrier, la quasi-totalité des 500 exemplaires imprimés ont été vendus en France, en Belgique et en Suisse, rapporte France Bleu Paris.
"C'est totalement made in Pontoise, certifie Anne-Marie Hoarau, infirmière en réanimation médicale de nuit et trésorière à l'Unsa-Santé, le syndicat qui commercialise le calendrier. Çe s'est fait de manière spontanée. Les agents nous voient dans les services. Ils se rendent compte que les conditions de travail sont de plus en plus difficiles."
On nous en demande de plus en plus et ce n'est jamais satisfaisant. Chaque photo résume vraiment ce que l'on vit au quotidien.
Anne-Marie Hoarau, infirmière à Pontoise
Chaque mois du calendrier est illustré par une photo choc. "Au mois d'avril, vous trouverez une infirmière qui prépare une seringue reliée à une perfusion de café, décrit Yann Le Baron, secrétaire départemental Unsa-Santé. Parce qu'à force de travailler, de revenir sur ses jours de repos, de compenser le manque d'effectif, il n'y a que le café." Yann Le Baron dévoile une autre photo du calendrier : celle du mois d'octobre, avec "un corps sur un brancard". Attachée à celui-ci, une étiquette, sur laquelle il est écrit : "À combien évaluez-vous votre vie ?"
Dénoncer les suicides qui touchent la profession
Grâce à cette initiative, Yann Le Baron dénonce également les discours tenus aux agents. "Sur Pontoise, on nous dit clairement : 'Soit vous revenez sur vos avantages, soit ce sont 120 postes qui disparaissent'. Ce n'est pas admissible. C'est pour ça qu'aujourd'hui, c'est tout un hôpital qui résiste", explique-t-il.
Jeudi 22 décembre, des agents ont prévu de se jeter du haut d'un pont au Port-Cergy. Une "mise en scène métaphorique" du suicide, explique un communiqué publié sur la page Facebook du syndicat, afin d'"avertir les directeurs hospitaliers, les élu(e)s et notre ministre de tutelle, Marisol Touraine, que le désespoir est parfois source des solutions les plus extrêmes".
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