Rapport des sénateurs sur l'hôpital : le syndicat Force ouvrière appelle à "un grand plan Marshall"
Didier Birig, secrétaire général de la branche Santé de Force ouvrière, a estimé jeudi sur franceinfo qu'"on marchandise le soin et qu'il faut toujours faire mieux avec moins", alors qu'un rapport sénatorial appelle à un "électrochoc" dans la gestion de l'hôpital public.
"Il nous faut un grand plan Marshall" pour l'hôpital public, a lancé jeudi 31 mars sur franceinfo Didier Birig, secrétaire général de la branche Santé de Force ouvrière et négociateur au Ségur de la santé, alors que le Sénat appelle dans un rapport à "un électrochoc" dans la gestion de l'hôpital. Selon les sénateurs, les soignants doivent recevoir une "reconnaissance financière équitable", sortir de "la morale du volontariat" et être mieux représentés dans la gouvernance des hôpitaux.
"Depuis 2002, on marchandise le soin et il faut toujours faire mieux avec moins", dénonce Didier Birig qui se dit "en colère" contre les sénateurs qui "réinventent la poudre". Force ouvrière réclame, "entre les Ehpad et l'hôpital public, 200 000 postes" avec un "plan pluriannuel".
franceinfo : Êtes-vous en accord avec le rapport du Sénat ?
Didier Birig : Le constat des sénateurs n'est ni plus ni moins que la photo de ce que nous avons rapporté aux sénateurs lors des différentes auditions. Il nous faut un grand plan Marshall. L'hôpital est en déclin depuis 2002 et la mise en place des 35 heures. À l'époque, il nous fallait 70 000 postes mais on n'en a reçu que 8 000. Depuis 2002, nous subissons des réformes hospitalières l'une derrière l'autre, avec comme objectif d'assimiler l'hôpital à une entreprise. On marchandise le soin et il faut toujours faire mieux avec moins. Aujourd'hui, la crise Covid met en exergue l'état de déliquescence de l'hôpital. Très honnêtement, je suis en colère contre les politiques. À Force ouvrière, cela fait plus de dix ans que nous alertons les différents gouvernements sur la situation et sur l'enchaînement de ces lois santé qui ont mis l'hôpital en grande difficulté. On voit qu'aujourd'hui on réinvente la poudre. On n'avait pas besoin de quatre mois de commission pour savoir ce qu'il faut faire. On sait depuis des mois et des années ce qu'il faut faire.
Quel électrochoc faut-il ?
Il en faut effectivement un. Le Ségur a amené des moyens et a permis un rattrapage mais on ne peut pas demander à un gouvernement de rattraper ce qui n'a pas été fait pendant vingt ans. Cela fait en effet vingt ans qu'il n'y a pas eu de revalorisations au niveau de l'hôpital à la hauteur de ce que celui-ci mérite. Aujourd'hui, on a partiellement redonné du pouvoir d'achat à certains hospitaliers qui ont touché les 183 euros mais certains n'ont pas eu de nouvelles grilles : les administratifs et techniques, les ouvriers... L'hôpital est une entité complexe où, sans tout le monde, cela ne peut pas fonctionner. Le Ségur disait aussi une autre chose : que l'hôpital devait marcher sur deux pattes. D'un côté, c'était le volet ressources humaines, avec les salaires, et de l'autre côté, c'était les moyens. Il nous faut des effectifs. À Force ouvrière, nous disons clairement que, entre les Ehpad et l'hôpital public, il nous faut 200 000 infirmiers et aide-soignants. On sait qu'il n'y a pas d'armoire magique au ministère de la Santé dans laquelle on pourrait trouverces professionnels. Ce n'est pas possible. Il nous donc faut un plan pluriannuel, sur cin ou six ans, avec des discussions immédiates, de telle manière à ce qu'on puisse ouvrir des instituts de formation en soins infirmiers.
Est-ce qu'il faut un Ségur de la santé "bis" ?
Non, il n'y en a pas besoin. Il faut rouvrir des écoles d'infirmiers et des instituts de formation pour les aides-soignants. Il faut aussi réellement faire sauter le numerus clausus national pour les médecins parce qu'aujourd'hui, à grand renfort de publicité, on nous a dit qu'il n'y en a plus sauf qu'on a mis en place un numerus clausus au niveau de chaque faculté. Le numerus clausus national existe donc toujours. Il faut qu'on se mette autour de la table parce que ce sont ces mesures qui vont redonner de l'attractivité aux métiers du soin et aux soignants de pouvoir rester à l'hôpital. C'est surtout cela qui va permettre aux agents de retrouver des conditions de travail décentes.
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