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Vidéo Report d'interventions chirurgicales: "Au bloc opératoire, on leur met le tuyau dans la bouche, ils dorment, puis on leur dit qu'on ne peut pas le faire"

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Complément d'enquête. "On leur met le tuyau dans la bouche, ils dorment et on leur dit 'non on ne peut pas le faire'": quand l'hôpital reporte des interventions cardiaques
Complément d'enquête. Report d'interventions chirurgicales: "Au bloc opératoire, on leur met le tuyau dans la bouche, ils dorment, puis on leur dit qu'on ne peut pas le faire" Complément d'enquête. "On leur met le tuyau dans la bouche, ils dorment et on leur dit 'non on ne peut pas le faire'": quand l'hôpital reporte des interventions cardiaques (COMPLÉMENT D’ENQUÊTE / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Des patients placés dans des conditions indignes, des pathologies aggravées par des prises en charge trop tardives... Le 24 octobre, un document de "Complément d'enquête" dresse un bilan de santé alarmant pour l'hôpital public. Il arrive même que certains établissements annulent au dernier moment des interventions de chirurgie cardiaque... Quitte à réveiller les patients sur la table d'opération.

Des cas de report d'opérations, il y en a des centaines au CHU de Nantes : 320 en 2017 (pour 1 300 malades), environ 300 en 2018, selon la CGT. "C'est énorme !" Le docteur Hubert-François Carton, qui a été chirurgien dans cet hôpital pendant quatorze ans, est le premier à les avoir dénoncés.

Le témoignage que "Complément d'enquête" a pu enregistrer fait entendre la colère du médecin : "Il y a des malades qui descendent au bloc opératoire, on leur met le tuyau dans la bouche, ils dorment... explique-t-il. Et on leur dit : 'Ah ben non, on ne peut pas le faire.' Il faut qu'ils remontent. Donc on réveille le malade... on réveille le malade ! Il quitte le bloc opératoire, il remonte dans sa chambre, et l'après-midi, il sort à la maison."

Des malades sur liste d'attente... qui décèdent en attendant leur opération

De retour chez eux, ces patients sont placés sur liste d'attente. Une attente qui peut être longue : le CHU est le seul de la région à réaliser des opérations lourdes de chirurgie cardiaque. "A Paris, il a des malades qui sont opérés dans les deux, trois jours. Et à Nantes, il faut quatre ou cinq mois ! Et ils décèdent !" Pourquoi ? Dans le contexte de crise que connaît l'hôpital public, la réponse du Dr Carton est presque attendue : "Il n'y a pas assez de personnel, pas assez de créneaux opératoires pour pouvoir opérer tous les malades de la région du Grand Ouest."

Ce médecin s'est bagarré pendant plus d'un an pour que ses malades ne soient pas renvoyés chez eux sans être opérés. Il a été suspendu pour "atteinte au fonctionnement de l'hôpital". En mai 2019, après avoir été blanchi par le Conseil de discipline, le Dr Carton a jeté l'éponge : il a démissionné.

Extrait de "Danger à l’hôpital : quand les médecins balancent", un "Document de Complément d'enquête" à voir le 24 octobre 2019.

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