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Précarité : 33% des étudiantes ont besoin d'une aide financière pour acheter des protections hygiéniques, selon la Fage

La Fédération des associations générales étudiantes a mené une étude qui met en avant les difficultés rencontrées par de nombreuses étudiantes. Pour lutter contre cette précarité menstruelle, des associations organisent des distributions de kits d’hygiène.

Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La précarité menstruelle est une réalité. (illustration 8 avril 2019). (HLEGUELLEC / MAXPPP)

Les tampons, les serviettes hygiéniques représentent un coût très élevé : 285 euros par an. Sur une vie entière la facture peut s'élever à 3 420 euros. Une étude de la première organisation étudiante, la Fage, réalisée sur un échantillon de 6 518 personnes et dévoilée lundi 8 février, met en lumière que 33% des étudiantes ont besoin d'un soutien financier pour se procurer des protections hygiéniques.

Plus d’une femme sur dix a déjà dû choisir entre ces protections et un autre produit de première nécessité. Pour lutter contre cette précarité menstruelle, des associations organisent des distributions de kits d’hygiène comme à l'Agoraé, une épicerie solidaire en milieu étudiant à Paris. Mediha a 25 ans, elle est étudiante en architecture et vient une fois par semaine  à l'Agoraé.

"Il m'est arrivé de devoir choisir entre un tampon et un dîner. Dans ces cas-là on n'a pas trop de choix. On achète une serviette hygiénique."

Mediha, étudiante

à franceinfo

Dans cette épicerie, tout est vendu à 10% du prix du marché. Le kit d'hygiène est offert par l'ADN, l'Agence du Don en Nature. "Trop souvent, dans notre pays aujourd'hui, analyse Romain Canler, directeur général de l'Agence du Don en Nature, la précarité non alimentaire est négligée. La précarité menstruelle est une illustration criante de la précarité non alimentaire. Elle touche à l'intime. C'est un budget très lourd pour les populations en situation de précarité. Aujourd'hui, l'agence du Don en nature distribue en Île-de-France des kits d'hygiène et, sur l'ensemble du territoire, distribue à peu près 1,4 million de produits de protection menstruelle. La demande est très forte, car ce tabou est en train d'être levé."

Moins cher peut aussi dire danger

L’Association nationale des étudiants sages-femmes, qui a réalisé l'enquête avec la FAGE, demande de son côté que les protections menstruelles "soient accessibles aux personnes précaires, avec des distributions en libre-service dans les lieux publics et non pas que dans les toilettes" des femmes. "C’est un tabou. Quand on voit qu’il y a une étudiant ou étudiante sur 10 qui a loupé les cours ou le travail par peur d'avoir une fuite, c'est quand même alarmant. On voudrait qu'il y ait aussi une politique d'information et de sensibilisation au sujet pour tout le monde", demande Bérénice Brazs, vice-présidente de l’Association, en charge des affaires sociales et de la défense des droits.

May, 20 ans, est étudiante en licence de marketing digital. "Ce n'est  pas que j'ai eu honte, mais durant toute ma scolarité  je faisais en sorte qu'on ne sache pas que j'ai mes règles. Je me cachais quand je prenais une serviette dans mon sac, etc... Depuis un petit moment, je trouve que ça commence à évoluer. " May comme de nombreuses étudiantes, sait désormais qu'il faut en parler, s'"éduquer"

"Ce n'est pas parce qu'on n'a pas les moyens en tant qu'étudiante, qu'il faut prendre n'importe quoi."

May

à franceinfo

"Ça a un impact sur notre corps, insiste l'étudiante, et c'est vrai que ce n'est pas évident puisque quand je suis au supermarché, dès fois je fais des concessions et je prends peut-être des serviettes un peu moins chères avec tous les composants nocifs en ce moment."

L'Association nationale des Étudiants Sages- Femmes demande d'ailleurs aux industriels de communiquer la liste des produits. "Au niveau de la santé, il y a le syndrome du choc toxique qui existe, notamment avec les protections internes, les cups ou les tampons. Ça veut dire qu’un staphylocoque peut passer dans le sang, faire dysfonctionner les organes entraînant le coma, voire un décès", a expliqué sa vice-présidente Bérénice Brazs sur franceinfo ce lundi.

Le gouvernement a prévu dans son budget 2021 cinq millions d'euros pour lutter contre la précarité menstruelle. "Ce n’est pas suffisant", martèle Bérénice Brazs. L'association réclame la gratuité, comme l'a fait l'Écosse en novembre dernier.  

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