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Infections sexuellement transmissibles en hausse : "Il faut que les personnes reviennent vers le dépistage"

Les infections sexuellement transmissibles ont augmenté de 30% en 2020 et 2021. Les jeunes, notamment, ne semblent pas avoir conscience de la potentielle gravité de ces pathologies, alertent les professionnels de santé.

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet, franceinfo - édité par Clémentine Vergnaud
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un emballage de préservatif incite au dépistage des infections sexuelles transmissibles (IST), lors de la journée mondiale de lutte contre le Sida à Nancy (Meurthe-et-Moselle) le 1er décembre 2019. (CEDRIC JACQUOT / MAXPPP)

Un plan national de prévention contre les infections sexuellement transmissibles (IST) a été lancé alors que la crise du Covid-19 a entraîné une baisse de 30% des dépistages en 2020. En effet, "pendant les confinements, les personnes qui auraient été susceptibles d'être dépistées ne sont plus venues aux centres de dépistage. Certains ont fermé, notamment, durant le premier confinement", explique Cécile Bébéar, cheffe du service bactériologie au CHU de Bordeaux. 

Conséquence : une augmentation du même ordre des cas d'infection en 2020 et 2021, selon celle qui est aussi responsable du Centre national de référence des IST. Il y a en fait "une augmentation depuis les années 2000", avec une multiplication des cas par trois "entre 2012 et 2016", détaille-t-elle, notamment pour les infections à chlamydia et à monocoque. 

Des jeunes pas assez informés

Globalement, les professionnels constatent avec inquiétude que les jeunes ne se protègent pas assez contre les IST. "Prenez soin de vous, y compris de votre santé sexuelle", leur rappelle le docteur Pascal Pugliese, qui reçoit dans son service d'infectiologie du CHU de Nice des jeunes qui ont attrapé une IST. "Les jeunes n'ont pas conscience de la gravité potentielle de ces maladies", abonde Cécile Bébéar. Car attraper une IST peut avoir de lourdes conséquences. "Ce sont souvent des IST asymptomatiques et les gens ne se rendent donc pas compte qu'ils sont infectés. Cela peut avoir des conséquences sur la circulation du virus ou des bactéries, parce qu'ils vont transmettre des IST", alerte le docteur Pugliese.

"Les infections à chlamydia sont la première cause d'infertilité dans les pays occidentaux"

Docteur Pascal Pugliese, infectiologue à l'hôpital de Nice

à franceinfo

De plus, le docteur Pugliese constate une méconnaissance des possibilités offertes par la sécurité sociale. "Vous avez une offre de soins qui est gratuite, permet d'être dépisté et traité contre les IST", martèle-t-il. "Il faut vraiment que les personnes reviennent vers le dépistage et également que le dépistage vienne à eux", confirme Cécile Bébéar, cheffe du service bactériologie au CHU de Bordeaux.

Pour tenter d'améliorer le dépistage de ces pathologies, le docteur Pascal Pugliese a participé à un programme qui va être lancé pour renforcer l’information sexuelle à l’école, former et payer des étudiants relais qui feront passer le message mais aussi lancer une plateforme de téléconsultation sexuelle. Cécile Bébéar estime de son côté qu'il faut proposer "un dépistage au sein des universités" mais également "hors les murs". Elle plaide pour un dépistage "gratuit et sans ordonnance". La responsable du Centre national de référence des IST demande aussi de "lever la limite" d'un "sujet tabou". "Il faut en parler sans stigmatiser les personnes qui peuvent être atteintes."

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