Journée nationale de l'audition : les enfants ne sont "pas obligés de passer quatre heures par jour avec un casque", alerte un professeur en neurosciences
"Il faut faire attention à la durée et au niveau d'écoute chez l'enfant", alerte jeudi 9 mars sur franceinfo Jean-Luc Puel, le président de l’association Journée nationale de l’audition. Selon l'enquête réalisée par Jean-Luc Puel, également directeur de l’Institut des neurosciences de Montpellier, "40%" des parents affirment que "leurs enfants passent entre une et quatre heures à écouter des émissions ou faire des jeux avec un casque ou des écouteurs tous les jours".
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"À bruit égal, un qui ne serait pas traumatisant pour l'adulte le serait pour l'enfant", explique le professeur, qui ajoute que cette surexposition des très jeunes au bruit peut avoir de graves conséquences. "Ce n'est plus à 60 ans que l'on aura des problèmes avec le bruit, comme la presbyacousie, mais ce sera à 40 ans."
franceinfo : Est-ce que les enfants sont de plus en plus exposés au bruit et à la pollution sonore ?
Jean-Luc Puel : Quand on interroge les parents, ils nous disent pour 40% d'entre eux que leurs enfants passent entre une et quatre heures à écouter des émissions ou faire des jeux avec un casque ou des écouteurs tous les jours. C'est assez inquiétant. Le problème est que cela va engendrer des troubles auditifs. Les oreilles d'enfant sont plus fragiles que chez l'adulte. On ne va pas voir un trouble de l'audition immédiat, mais on va voir un vieillissement prématuré de l'oreille. Ce n'est plus à 60 ans que l'on aura des problèmes avec le bruit, comme la presbyacousie, mais ce sera à 40 ans. C'est irréversible, et c'est là le problème.
Quelles sont vos préconisations pour protéger les oreilles des enfants ?
On estime que l'oreille de l'enfant continue de se développer jusqu'à sept ans à peu près. Il faut faire attention à la durée et au niveau d'écoute chez l'enfant. On n'est peut-être pas obligé de passer quatre heures par jour avec un casque quand on a moins de dix ans.
"À bruit égal, un qui ne serait pas traumatisant pour l'oreille de l'adulte le serait pour l'enfant."
Jean-Luc Puel, directeur de l’Institut des neurosciences de Montpelliersur franceinfo
Mais il y a aussi tout un tas de lieux pour les enfants qui sont hyper bruyants et qu'il faut éviter. Il y a par exemple ces grands hangars de loisirs où les enfants font du trampoline avec des structures gonflables. Vous avez là des dizaines d'enfants qui crient et un enfant ça peut crier jusqu'à 110 décibels ! Ensuite, vous avez les cantines qui sont bruyantes. Vous avez les piscines, avec le carrelage qui réverbère au maximum. Vous avez aussi les concerts. Il faut penser à mettre des casques antibruit dès que les enfants sont exposés à des bruits trop importants dans un concert, voire même au cinéma, parce que le son y est très fort.
Qu'est-ce qui doit alerter chez un enfant ou un adolescent ?
On doit s'alerter si l'enfant se plaint d'être exposé au bruit, s'il détecte des sifflements ou a une sensation d'oreilles en coton. Il y a aussi des signes plus subtils, comme un enfant qui est anormalement fatigué en fin de journée ou qui est nerveux. Peut-être que derrière tout cela, il y a une surdité ou une perte auditive, même légère, qui fait que cet enfant à l'école va devoir se concentrer bien plus que ses camarades, ce qui engendre de la fatigue.
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