La 18e conférence internationale sur le sida s'est achevée le 23 juillet à Vienne
Les nouvelles pistes pour la prévention de l'épidémie ont été au centre des débats dans la capitale autrichienne.
Le sida a fait plus de 25 millions de morts en 27 ans. Les nouvelles infections diminuent, sauf en Europe de l'Est et en Asie centrale, où elles touchent surtout les consommateurs de drogues injectables.
Un rapport publié le 18 juillet fait apparaître que le financement des programmes de lutte antisida dans les pays pauvres a reculé en 2009 à 7,6 milliards de dollars, contre 7,7 milliards en 2008. Un petit recul, certes, mais entre 2002 et 2009 la progression était à deux chiffres d'une année sur l'autre, pour le financement de traitements qui durent toute la vie.
En outre, il a fallu une augmentation de la contribution américaine, de 3,95 milliards de dollars en 2008 à 4,4 milliards l'an dernier, pour compenser la baisse des apports de nombreux autres pays, comme l'Allemagne, le Canada, la France, l'Irlande, l'Italie et les Pays-Bas.
Le président Barack Obama a affirmé dans un message le jour de clôture de la conférence, le 23 juillet, que l'aide accordée par les Etats-Unis à la lutte contre le sida continuerait à progresser.
La recherche au centre des débats
La recherche sur les gels microbicides, les traitements, la circoncision, le vaccin, a été au centre de dizaines de conférences quotidiennes. On y a parlé aussi beaucoup de la réduction des risques chez les toxicomanes et de la nécessité de combattre la discrimination, qui éloigne les séropositifs des traitements.
Une idée a particulièrement suscité l'intérêt: celle de l'utilisation généralisée des traitements pour réduire le risque de transmission et donc prévenir l'extension de l'infection. La piste est stimulante mais coûteuse.
Deux études ont donné le ton. L'une, publiée par le Journal of the American Medical Association (JAMA), recommande de commencer tôt le traitement, bien avant l'apparition de symptômes, pour empêcher la destruction progressive du système immunitaire.
L'autre, publiée par la revue britannique The Lancet, souligne que placer les séropositifs sous trithérapie divise par deux le nombre de nouveaux cas d'infection au VIH. Cela va dans le sens d'une utilisation des trithérapies "pour réduire la transmission du VIH", notent les chercheurs.
Le financement source de toutes les inquiétudes
Commencer tôt le traitement, donc augmenter fortement le nombre de patients sous antirétroviraux, se heurterait cependant à des problèmes de financement. Ce pourrait n'être applicable que dans les pays les plus riches, comme l'admettent les auteurs de l'étude publiée par le JAMA.
La baisse des financements fut un autre thème central de la conférence. La réduction des coûts de fonctionnement des programmes - faute d'une réduction des coûts des traitements eux-mêmes - a été demandée par nombre d'intervenants.
Le village global, qui réunit traditionnellement les associations militantes, a offert de multiples activités autour du sida (musique, théâtre, marionnettes, expositions, défilé de mode) et aussi de nombreux groupes de discussion.
Selon les dernières estimations publiées par l'Onusida, 33,4 millions de personnes, dont près de la moitié de femmes, vivaient en 2008 avec le VIH et environ 2 millions sont mortes cette année-là de causes liées au sida . L'Afrique subsaharienne reste la région la plus durement touchée.
Voici les derniers chiffres de l'Onusida, fournis son dernier rapport annuel, publié en 2009 et portant sur l'année 2008. L'organisme onusien y a ajouté des données concernant les jeunes à la veille de la conférence de Vienne.
Personnes infectées par le virus
Le sida a infecté 2,7 millions de personnes en 2008. Le chiffre des nouvelles infections est en baisse de 17% depuis 2001. Environ 33,4 millions de personnes, dont près de la moitié de femmes, vivaient en 2008 avec le virus, dont 2,1 millions d'enfants âgés de moins de 15 ans. Un chiffre en progression constante, du fait des effets positifs du traitement antirétroviral. Au total, depuis le début de la maladie, 60 millions de personnes ont été infectées.
Décès
Environ 2 millions de personnes sont mortes en 2008 de causes liées au sida, un chiffre inchangé par rapport à 2007. Au total 25 millions de personnes sont mortes du sida depuis le début de la maladie.
Afrique
L'Afrique subsaharienne est la région la plus durement touchée avec 67% de l'ensemble des personnes vivant avec le VIH dans le monde (5% en moyenne de la population africaine), et près des trois quarts des décès. 71% des nouvelles infections sont intervenues en Afrique. 14 millions d'enfants y sont orphelins à cause de la maladie. 60% des personnes y vivant avec le VIH sont des femmes.
Europe orientale et Asie centrale
C'est la seule région du monde où la prévalence de l'épidémie continue à augmenter. De 2001 à 2008, elle a augmenté de 66% (de 900.000 à 1,5 million). Les nouvelles infections se déclarent d'abord parmi les consommateurs de drogues injectables (38,5 à 50% sont infectés en Ukraine, 37% en Russie).
Davantage de malades traités
Plus de 4 millions de personnes dans les pays en voie de développement avaient accès à un traitement à la fin de l'année 2008, contre 3 millions un an auparavant. Dans le monde, au moins 4,7 millions de personnes recevaient un traitement, soit 42% des personnes qui en auraient besoin (le traitement est donné à partir d'un certain niveau d'infection).
Infection mère-enfant
45% des femmes enceintes séropositives ont reçu en 2008 un traitement pour prévenir la transmission du virus à leurs enfants, contre 33% en 2007.
Jeunes
Environ 5 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans vivent dans le monde avec le sida. L'épidémie a nettement reculé chez les jeunes de 15 à 24 ans dans près de la moitié des 25 pays les plus sérieusement touchés au monde, essentiellement en Afrique subsaharienne. Mais elle est en hausse chez les jeunes d'Europe de l'Est.
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